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carrière militaire, n’ayant d’autre état que celui des armes. Bientôt ses talens militaires relevèrent au grade de général commandait l’armée de la Vendée. Le général Guidal crut avoir trouvé le moment favorable de mettre à jour le projet qu’il avait longtemps gardé dans son cœur de renverser le gouvernement révolutionnaire et rendre à la France ses rois légitimes, par la facilité qu’il avait de communiquer avec les vrais royalistes de la Vendée. Il se ménagea plusieurs entrevues avec le général Frotté, et c’est avec lui qu’il concerta un plan de contre-révolution ; mais l’arrestation du général Frotté détruisit tous ses projets et le rendit suspect à Bonaparte, qui bientôt l’exila dans son département. C’est pendant son exil que le général Guidal s’occupa sérieusement de son projet, qui lui parut difficile à exécuter sans le secours d’une force majeure. Dans cette persuasion, il se rendit à bord de l’escadre anglaise. L’amiral anglais, après avoir approuvé son plan, promit le secours nécessaire pour l’exécution de cette noble entreprise.

« Le général Guidal, pour marquer son dévoûment à son roi et la sincérité de ses promesses, donna son fils en otage… Cependant le général Guidal, trahi par de faux frères, fut arrêté à Marseille et conduit à Paris, où il a été victime de son dévoûment pour son roi… Aujourd’hui la veuve du général Guidal, dénuée de tous moyens d’existence, elle a osé porter sa plainte aux pieds du trône pour obtenir de la bonté de notre auguste monarque quelques secours pour sa famille. La fidélité de son mari et les malheurs de sa famille sont des motifs puissans pour exciter la sensibilité de votre excellence. C’est dans cette attente qu’elle a l’honneur d’être de votre majesté la plus fidèle, la plus humble et la plus soumise de vos. sujets. Ve Guidal. Marseille, le 27 juillet 1816. »

Donc, de l’aveu même de sa veuve, le général Guidal n’aurait été qu’un agent royaliste, et c’est pour avoir pratiqué des intelligences avec les Anglais qu’il avait été jeté en prison. On objecte, il est virai, que ce témoignage est celui d’une personne intéressée, peu recommandable et qui avait depuis longtemps cessé de vivre avec son mari quand ce dernier fut arrêté. Le fait est vrai : Mme Guidal « avait été, lisons-nous dans une note de police, la maîtresse de Barras et avait ouvertement trafiqué de son crédit auprès de lui. A la chute du directoire, on l’avait expulsée de Paris. Au moment des malheurs de son mari, elle répétait partout que depuis longtemps, elle ne vivait plus avec lui. » Mais pour si peu que Mme Guidal ait eu de moralité, peut-on, sans autre raison, contester ses affirmations ? Aventurière ou non, les faits qu’elle rapporte sont trop précis pour qu’on les conteste. M. de Vitrolles, secrétaire des conseils de sa majesté, qui savait fort bien à quoi s’en tenir sur la vie privée de Mme Guidal, était apparemment de cet avis, car en transmettant