affaires étrangères ; aussi ne connaissons-nous encore l’expédition de 1862, ses recherches et ses découvertes que par une relation sommaire de. M. de Vogüé, datée de la côte de Syrie[1]. La France n’a pas à se repentir d’avoir mis en de telles charges des hommes dont l’esprit s’était formé dans les investigations patientes de la science, tandis que leur caractère se trempait dans ces longs et dangereux voyages ; elle sait, par une cruelle expérience, ce qu’il en coûte an pays qui tolère, en de tels postes, l’ignorance étourdie et la légèreté présomptueuse. C’est la science qui peut se plaindre, c’est elle qui peut s’affliger de voir rester inachevés des ouvrages tels que les Fastes des provinces orientales de l’empire romain, si bien commencés par M. Waddington. Quant à la relation des recherches entreprises à Cypre par les deux futurs diplomates, les regrets peuvent être moins vifs ; depuis leur passage dans l’île, on y a fait des fouilles et des découvertes d’une bien autre importance que les leurs ; celles-ci n’en ont pas moins, sur le moment, vivement frappé les savans et les artistes. Ce sont elles qui, les premières, ont permis d’établir quelque chose comme une série chronologique des produits de l’art cypriote ; elles ont commencé à donner une juste idée des influences diverses qu’il a subies l’une après l’antre et dont il garde la trace, de l’activité de ses potiers, de ses modeleurs en terre et de ses sculpteurs, de sa fécondité prodigieuse et de la singulière monotonie de ses motus et de ses formes, pour tout dire en un mot, de sa richesse matérielle et de la pauvreté de son génie.
L’architecte de la mission avait débuté par ouvrir des tranchées dans le voisinage du bourg d’Athiénau, sur un mamelon qui avait échappé à l’attention de Ross ; M. de Vogüé y avait reconnu, avec toute raison, le site de l’antique Golgos, qui possédait un des sanctuaires les plus célèbres de l’Île. L’emplacement était donc des mieux choisis ; mais les fouilles furent abandonnées au moment même où la pioche des ouvriers venait l’atteindre et de détruire l’angle sud-ouest du temple que M. de Cesnola a dégagé en 1870 et où il a trouvé un si grand nombre de statues. Si la tranchée, au lieu de rencontrer seulement le mur de l’enceinte, avait été poussée quelques mètres plus loin, vers l’intérieur de l’édifice, le Louvre se serait enrichi dès lors de quelques-unes des figures les plus intéressantes et les mieux conservées que possède aujourd’hui le musée de New-York. La mission française avait été mal servie par la fortune ; celle-ci lui devait une revanche, elle la lui donna. M. Duthoit eut la main assez heureuse pour ouvrir, dans cette
- ↑ Revue archéologique, nouvelle série, t. VI, p. 244.