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passé et n’obéissant qu’à un mobile honnête et élevé, j’ai cru pouvoir rendre service à l’art et à mon pays.

« Aujourd’hui encore je crois que je n’ai point été inutile.

« Veuillez agréer, monsieur le directeur, l’assurance de ma considération a distinguée.

« JULES HEREAU, 53, boulevard Rochechouart. »


A MONSIEUR LE DIRECTEUR DE LA Revue des Deux Mondes.

Cher monsieur,

J’ai reçu communication de la nouvelle lettre du délégué aux musées du Louvre pendant la commune. Il serait puéril d’y répondre, et je n’y réponds pas.

MAXIME DU CAMP.

ESSAIS ET NOTICES

Les Fêtes nationales de la France, par M. E. Drumont, 1 vol. gr. in-8o, orné de gravures ; Baschet.

M. Edouard Drumont a eu l’idée de raconter l’histoire de France par une série de tableaux qui parlent aux yeux et qui nous montrent le peuple de Paris en liesse à toutes les époques et sous les régimes les plus divers, depuis le moyen âge jusqu’à nos jours, depuis l’entrée solennelle d’Isabeau de Bavière jusqu’aux féeriques illuminations de la fête du 30 juin. Ce n’était pas une chose aisée de parcourir de si vastes espaces et de faire revivre des mœurs, des usages et des physionomies si différentes. Il y fallait, outre une certaine érudition, un goût très sûr, un dessin très ferme et une variété de couleurs sans laquelle on devait nécessairement tomber dans les redites et la banalité. Ces qualités n’ont pas fait défaut à M. Drumont ; son style, d’allure rapide, vivifie ces scènes populaires où l’on peut saisir, à travers la différence des temps, des costumes et des idées, de curieuses analogies. Naturellement l’auteur a laissé de côté tout ce qui était simplement cérémonie officielle ; il s’est attaché de préférence aux solennités qui ont eu un caractère particulier, aux journées que le peuple a vécues, où son âme a vibré. C’est ainsi qu’il nous fait longuement assister à l’entrée de Charles VII, accompagné de Lahire, de Xaintrailles et du beau Dunois, au retour des cendres de l’empereur sous Louis-Philippe et de l’armée d’Italie en 1860. M. Drumont est, comme beaucoup de lettrés, un éclectique. Il n’a qu’une passion qui éclate à chaque page de son livre : la passion de l’esprit français, de l’art français, du goût français, de la bonne humeur et de la gaîté françaises. Il les retrouve et les met un peu partout, jusque dans les étranges conceptions du peintre David et de Robespierre. Historiquement, c’est contestable ; patriotiquement, il faut peut-être lui savoir gré de son optimisme. Mais ce qu’on ne saurait trop louer, c’est le soin apporté aux gravures. Empruntées pour la