libérale de lui être un abri contre des révolutions nouvelles, au gouvernement de lui assurer la paix protectrice du travail, aux assemblées de s’occuper de ses intérêts, dont quelques-uns sont en souffrance. Cela ne veut point dire sans doute qu’il n’y ait rien à faire sur certains points qui se reproduisent dans tous les programmes livrés aux polémiques des partis ; c’est du moins une raison pour qu’on tienne compte des limites dans lesquelles un gouvernement sérieux, qui a lui aussi apparemment le droit de parler pour le pays, doit nécessairement se maintenir. Son rôle à lui, c’est de s’attacher à ce qui est mûr, comme disait il y a quelques semaines M. Gambetta, à ce qui est réalisable, à tout ce qui est une conséquence légitime de la politique libérale et conservatrice dont il est le représentant au pouvoir dans l’intérêt de la république.
En réalité, de toutes les questions qui s’agitent aujourd’hui, quelles sont celles dont le ministère aura particulièrement à s’occuper et sur lesquelles il présentera ses solutions dans la déclaration qu’il va porter aux chambres ? Il parlera de l’amnistie, c’est vraisemblable, c’est même certain, puisqu’il y a une question de l’amnistie. Il promettra de multiplier les grâces, d’alléger les peines, de mettre enfin un terme à cette immense et obscure liquidation judiciaire de l’insurrection de 1871. Tout ce que conseille l’humanité, il le fera, il l’a déjà fait, il ira plus loin encore dans cette voie, s’il le faut, et personne ne songera à le retenir ; mais un acte législatif, solennel, tendant à effacer le caractère d’un grand forfait de trahison nationale devant l’ennemi, couvrant d’une amnistie générale les héros et les promoteurs de l’insurrection ou ceux qui, sous prétexte de politique, ont commis toute sorte de crimes de droit commun, c’est là ce que le gouvernement n’acceptera sûrement pas ; c’est là ce qu’il ne peut accepter, non par un sentiment méticuleux d’alarme conservatrice, mais par un sentiment de respect pour la patrie offensée et violentée dans son deuil, au milieu des désastres de l’invasion étrangère. Laisser à l’insurrection de 1871 son caractère d’ineffaçable crime, c’est la condition et la limite de toutes les amnisties. La déclaration officielle s’occupera certainement aussi de toutes ces questions de l’enseignement qui sont devenues populaires, qui touchent à cette autre question délicate et brûlante des influences cléricales, des rapports de l’église et de l’état. M. le ministre de l’instruction publique aura sa place et une juste place dans le programme. Il a déjà préparé une loi instituant l’obligation de l’enseignement primaire. Il proposera en même temps d’imposer aux instituteurs congréganistes le certificat de capacité à la place de la garantie insuffisante des lettres d’obédience, de restituer à l’état la collation dès grades, — et le conseil supérieur de l’instruction publique devra subir une réforme qui est la suite de la séparation des deux enseignemens, de l’université de l’état et des universités libres. Propager l’instruction populaire, fortifier l’enseignement libéral à tous