Après une heure de marche, nous arrivons au lieu de l’exploitation ; les travailleurs n’ont que des instrumens très grossiers avec lesquels ils attaquent et débitent le minerai à ciel ouvert comme dans une carrière ; à première vue, la mine m’a paru fort riche. Je désirais aussi connaître les procédés qu’emploient les Gallas pour fondre le fer ; voici comment se fait l’opération : le minerai est d’abord cassé en petits morceaux ; on a un haut fourneau de terre glaise en forme d’entonnoir et d’une contenance de 40 à 50 litres au plus ; dans le bas pénètrent quatre soufflets en peau de bouc mus par deux hommes. On commence par allumer le feu : quand la flamme brille, on remplit l’entonnoir avec du minerai mêlé de charbon de bois ; une plaque métallique, adaptée avec de l’argile, ferme la bouche du fourneau, ne laissant de place que pour le jeu des soufflets ; c’est tout à fait, comme on voit, la forge à la catalane. Sous l’action du feu, le minerai s’amollit et forme avec le charbon une sorte de pâte qui n’arrive jamais à l’état liquide à cause de l’insuffisance du calorique. On retire du fourneau le produit de cette fusion imparfaite, on le laisse refroidir, puis on le brise de nouveau avant de le soumettre à une autre cuisson. Les ouvriers mesurent le minerai par petits tas comme nos boulangers quand ils veulent obtenir des pains de même grosseur. La seconde opération ne diffère point de la précédente, sauf que les soufflets, cette fois, au lieu d’être en bas du fourneau, sont placés dans le haut. Lorsque le minerai est de nouveau réduit en pâte, on le retire du feu avec une tenaille ; une grosse pierre plate, à portée du fourneau, tient lieu d’enclume. On bat cette pâte, légèrement d’abord, puis plus fort ; il en sort une espèce de scorie que les indigènes appellent l’excrément du fer et qui se détache très facilement ; on donne alors au métal la forme d’une galette pesant, selon le cas, de 6 à 8 kilogrammes. Le fer ainsi obtenu est de qualité supérieure, le déchet presque nul. L’exploitation des mines est entièrement libre ; le malheur est qu’on ne ménage pas assez le combustible et que le déboisement va grand train. Déjà toute une forêt d’oliviers gigantesques qui avoisinait Finfini a complètement disparu ; je n’exagère rien en disant que sur 1,000 kilogrammes de bois on en obtient à peine 10 de charbon. On finira par manquer de fer faute de combustible ; en attendant, la quantité de métal qu’on tire de ces mines, par un travail aussi rudimentaire, est encore très considérable. Les mors des chevaux et des mulets, les étriers, les canons de fusil à mèche, les socs de charrue, les sabres, les outils de toute sorte, sont fabriqués avec le fer de Finfini ; l’industrie éthiopienne n’en connaît presque pas d’autre.
« Pour bien employer le reste de la journée, nous allâmes visiter les eaux thermales de Finfini ; ici encore le liquide sort bouillant