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UN
VOYAGEUR FRANCAIS
DANS L'ETHIOPIE MERIDIONALE

II.
LA MISSION DE M. ARNOUX.


I

Cependant le roi Minylik n’oubliait pas ses promesses ; il avait juré de venger le meurtre des deux Français assassinés par les Adels ; depuis quelques jours déjà, des corps d’armée se réunissaient à Litché. Au signal donné, ces troupes, commandées par Bâcha Mokraé et Dedjaz Woldé Mikael, deux des plus vaillans généraux du roi, fondent sur les basses terres, cernent les tribus des Adels, à qui la crue de l’Awach ne permet pas de s’enfuir, massacrent plus de cinq cents hommes, brûlent les huttes, enlèvent les troupeaux et ramènent avec eux plusieurs centaines de femmes et d’enfans prisonniers. M. Arnoux avoue qu’en lui-même il regretta presque que ses pauvres compagnons eussent été si bien vengés.

Lorsqu’un étranger arrive au Choa, il est reçu aux frais du roi, lui et sa suite, logé, nourri, et, si c’est un personnage que le roi honore, un nombreux domestique est mis à sa disposition ; en même temps un chef ou choum est chargé de veiller à ce qu’il ne manque de rien. Ainsi pour M. Arnoux : sa maison était montée sur le pied des grands du pays et ne comptait pas moins de seize