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le traité le plus complet et le plus logique, qui ait été composé sur cette matière. Sans se préoccuper des explications possibles, Wells commence par résumer avec une attention pour ainsi dire désintéressée toutes les circonstances qui favorisent ou empêchent la production de la rosée. C’est la méthode scientifique, car, outre que ces conditions générales mettent sur la voie de l’explication avant qu’elle ne soit connue, elles en deviennent, quand elle est trouvée, autant de conséquences naturelles, qui la confirment. Wells reconnaît alors, comme on le savait depuis Aristote que la rosée se montre en même temps que les étoiles, par un ciel serein, que le vent la favorise s’il est faible et l’empêche quand il est fort, qu’on la voit rarement en été quand les nuits sont courtes et chaudes, mais souvent à l’automne et au printemps, lorsqu’elles sont longues et froides ; enfin qu’elle ne se montre point par les temps couverts, ni sous les abris, les hangars ou les arbres touffus.

Pour donner plus de précision à ses recherches et comparer entre elles les quantités de rosée développées en diverses circonstances, il préparait des flocons de laine larges, épais et peu tassés, de même forme et.de même poids ; il les plaçait en divers endroits après le coucher du soleil, et le lendemain il mesurait la rosée qu’ils avaient recueillie par l’augmentation du poids. Il n’y en avait pas sous une table dressée au milieu d’un jardin, ni sous un carton posé sur l’herbe ; . on en trouvait au contraire beaucoup au-dessus. Toute disposition qui augmentait l’étendue du ciel visible la favorisait, tout obstacle qui diminuait cette étendue l’empêchait. Finalement Wells récapitula tous, ces essais dans cette formule unique, que la quantité de rosée recueillie en un point est proportionnelle à l’étendue de ciel visible de ce point. Cette loi résume tout ; la théorie devra l’expliquer.

Wels arrive ensuite aux variations de température qui avaient été découvertes avant lui par Wilson et Six. Pour les constater, il lui suffit de placer un thermomètre dans l’herbe d’un pré ou dans un des flocons de laine qui sert de réceptacle à la rosée, et de le comparer avec un autre thermomètre suspendu dans l’air libre à quelques décimètres au-dessus du premier : celui de l’herbe était toujours moins chaud ; son refroidissement était très grand dans les cas où la rosée était abondante, il était moindre ou nul quand elle diminuait ou quelle disparaissait. On peut donc affirmer la solidarité des deux phénomènes, ce qu’on savait déjà, et ajouter, ce qui a plus d’importance, que le refroidissement est proportionnel à la quantité de ciel visible.

C’est alors que Wells se posa la question de savoir quel est celui de ces deux phénomènes solidaires qui précède et détermine l’autre, question qui n’a pas un grand intérêt pour nous, puisqu’elle avait été résolue soixante ans auparavant par Le Roi, mais qui importait