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nouveau cadre pour les études qui lui étaient devenues familières. Justement, en cette année 1858, les destinées de l’Italie commençaient à s’agiter, et M. de Mazade se promit d’être un des témoins de cette résurrection que tant de signes précurseurs dénonçaient alors comme imminente. Il était des mieux préparés à ce rôle. Cette résurrection, il l’avait prévue et annoncée dans divers écrits publiés pendant les années précédentes, notamment dans de beaux et éloquens récits consacrés à la guerre de 1848-49 entre le Piémont et l’Autriche et à la destinée tragique du noble roi Charles-Albert. Voulant se rendre compte par lui-même du jeu des événemens, il fit un voyage en Italie, sonda les choses, interrogea les hommes, et revint plus convaincu que jamais de la justice de la cause italienne et plus décidé que jamais à la défendre. Il y avait à cela un certain courage, sûr que l’on était, surtout à la première heure et avant que le destin eût prononcé, d’avoir contre soi tous les partis, les uns par crainte des périls que l’indépendance italienne allait faire courir aux institutions religieuses, les autres par haine du champion couronné qui se proposait comme le libérateur de l’Italie et de la popularité que cette entreprise pouvait lui rapporter. M. de Mazade fut un de ceux qui, se plaçant d’emblée au-dessus des objections égoïstes des partis, ne voulurent voir dans cette question que la revendication du droit le plus légitime pour un peuple, celui de s’appartenir en dépit des convenances d’autrui, et qui estimèrent que l’indépendance italienne était d’ailleurs au moins aussi importante pour la cause de la liberté dans le monde qu’une extension de franchises parlementaires ou une nouvelle immunité concédée à la presse chez telle ou telle nation.

Les nombreux écrits consacrés par M. de Mazade à la cause italienne ont été en grande partie recueillis dans deux volumes intitulés l’un l’Italie moderne, l’autre l’Italie et les Italiens. L’esprit et le but sont les mêmes dans ces deux ouvrages ; ils ont cependant chacun leur objet et leur caractère particuliers. Le premier est spécialement consacré à exposer la situation générale de l’Italie pendant les années qui précédèrent la guerre de l’indépendance. Il n’y eut jamais chez aucun peuple de situation plus douloureuse et plus irritante. On me racontait naguère qu’un jeune patricien de Florence ayant trouvé la mort dans je ne sais quelle émeute ou prise d’armes contre les Autrichiens, sa mère, par une de ces inspirations dramatiques dont la race italienne a le secret, descendit s’asseoir derrière la chapelle ardente élevée dans le vestibule de son palais, et resta là, tant qu’y resta le corps, sans larmes et ne parlant que par ses regards où les passans qui se découvraient devant ce grand deuil pouvaient lire tout ce que son âme