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ils l’appelaient, — que ce soit le maréchal de Mac-Mahon ou M. Gambetta, il n’est nulle chose, il n’est nul individu qui ait trouvé grâce devant ces baveurs de fiel. Mais ils ne peuvent supporter qu’on touche à l’histoire de la commune ; c’est vraiment bouffon, — raconter le massacre des otages, l’incendie de nos monumens, le pillage des maisons particulières, rappeler les crimes ou seulement les inepties de ces fantoches épileptiques, c’est « poursuivre les proscrits, trépigner sur les cadavres et sur des ruines. » Oui, parbleu, c’est tout cela ; comme c’est manquer de respect aux morts que de raconter les exploits de Cartouche et de Mandrin.

le reviens à M. Héreau qui, j’espère, dans le paragraphe précédent voudra bien ne voir aucune insinuation perfide ou odieuse ténébreusement dirigée contre lui. Dans une lettre qu’il m’a écrite et qui, m’a-t-on raconté, a été ramassée par quelques journaux, il termine en me disant avec exclamation : « Ah ! monsieur, permettez-moi de vous le dire… vous faites là un bien vilain métier. » Je le lui permets. Mon métier, lorsque certaines circonstances favorables se présenteront, me conduira au préau de Sainte-Pélagie, au mur de ronde de la Roquette, ou à l’abattoir de la rue Haxo ; je le sais, car on a souvent pris soin de ne pas me laisser de doute à cet égard ; mais je puis affirmer à M. Héreau qu’il n’a jamais fait de moi un délégué sous la commune, ni un justiciable des conseils de guerre.


MAXIME DU CAMP.



LES LIVRES D’ÉTRENNES.
Histoire des Romains depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’invasion des barbares, par M. Victor Duruy. — Paris, Hachette.


Ce n’est pas un ouvrage tout à fait nouveau que nous donne M. Duruy, mais c’est un ouvrage renouvelé. Il y a bien longtemps, presque au début de sa carrière de professeur et d’écrivain, il avait composé une histoire de la république en deux volumes, qui, bien que signée d’un nom inconnu, reçut un bon accueil du public. On lui sut gré, dans un sujet qui se prêtait si aisément aux conjectures, de ne pas s’égarer dans des fantaisies érudites ; on fut charmé de sa façon vive et nette de raconter des événemens souvent obscurs et confus. Encouragé par ce succès, M. Duruy se préparait à poursuivre son histoire ; il avait déjà publié un volume sur l’état du monde romain à l’avènement d’Auguste sorte d’avant-propos et de préparation à l’histoire de l’empire, quand de hautes fonctions, qu’il n’avait ni prévues ni souhaitées, vinrent