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CORRESPONDANCE.

La réclamation de M. Héreau a un petit historique que je dois faire connaître. Lorsqu’elle fut produite, j’étais absent de France ; on m’en donna avis sans me la transmettre ; j’écrivis au directeur de la Revue qu’il m’était indifférent qu’elle fût insérée, mais qu’il me semblait correct de la communiquer à un témoin oculaire qui, mieux que tout autre, pourrait rectifier les erreurs que j’aurais involontairement commises[1]. Un échange de lettres eut lieu à ce sujet entre la Revue et moi vers la fin d’octobre. — Le 13 novembre, M. E. T., un des chefs de la maison Hachette, m’envoya le texte de la réclamation que M. Héreau lui avait remis. Après en avoir pris connaissance, je répondis : « Je l’ai lue attentivement, elle ne modifie en rien mon impression, la Revue peut la publier, si elle le juge convenable ; pour moi je n’y vois aucun inconvénient, je me contenterai d’y répondre. Mais je persiste à croire qu’il y a quelque chose de beaucoup plus simple à faire : Que M. Héreau porte mon article à M. Barbet de Jouy ; j’accepte d’avance et sans contestation tout changement, toute atténuation que l’honorable conservateur lui fera subir. Je n’ai pas besoin de vous dire que je me garde bien de prévenir M. Barbet de Jouy, afin que son jugement soit spontané. » M. Héreau, à qui cette lettre fut montrée, demanda quelques jours pour réfléchir et déclara le 25 novembre à M. E. T. que l’arbitrage que je lui proposais ne pouvait lui convenir. Mais ce témoignage que M. Héreau repoussait, quoique dans sa réclamation il l’invoque à différentes reprises, la Revue, soucieuse de sa dignité, de celle de ses collaborateurs et du respect qu’elle doit à la vérité historique, ce témoignage, la Revue l’avait recherché et avait communiqué la note de M. Héreau à M. Barbet de Jouy en le priant de dire « ce qu’il en pensait. » M. Barbet de Jouy a répondu par la lettre suivante dont je n’ai eu connaissance que le 6 décembre en rentrant à Paris : « M. Héreau a toujours confondu, ce qui souvent m’a été très pénible, deux choses absolument distinctes, sa conduite dans les musées, sa conduite à mon égard. M. Maxime Du Camp n’a parlé et n’avait à parler que de la conduite dans les musées de M. J. Héreau ayant accepté des fonctions de la commune, et j’approuve tout ce qu’il en a dit, sauf un mot spirituel : dans le journal d’un de mes collègues, M. Du Camp a trouvé une appréciation de M. Héreau qu’il n’eût pas rencontrée dans le mien s’il en avait en connaissance : « Bête fauve ; » et il dit : « fauve, non. » Je vous prie, messieurs, d’expliquer à M. Héreau, qui s’adresse à vous et me met en cause

  1. J’ai, en effet, commis une erreur dans cet article, mais elle n’est pas relative à M. Héreau. La Vénus de Milo a été retrouvée en bon état dans la cachette qu’on lui avait pratiquée. Ma bonne foi avait été trompée par un l’enseignement intéressé et que j’ai eu le tort de ne point contrôler.