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LES RUINES D’UXMAL

DERNIERE PARTIE[1]


V.

Resté seul sur la terrasse, Fernand repassa dans sa mémoire l’entretien qu’il venait d’avoir avec dona Mercedes. Ce secret, deviné par lui, avoué par elle, quel était-il ? D’où venait ce plan ? quelle main l’avait tracé ? Pourquoi ce regard triste et suppliant ? Qu’avait-il donc dit ou qu’allait-il dire ? Entraîné par son émotion, s’était-il trahi ? Avait-elle compris qu’il l’aimait ? Absorbé dans ses réflexions, il ne vit pas venir à lui George Willis, qui le prit par le bras : — Il se fait tard ; partons.

Fernand obéit machinalement, et, sans échanger un mot, tous deux regagnèrent le Palais du Nain.

— Et maintenant, dit George, causons. Il se passe quelque chose, et j’aimerais assez y voir clair. Nous sommes trop amis pour que tu me croies simplement curieux. Ah ! cousin Fernand, tu n’es pas Français pour rien, et la nature t’a doté d’une imagination qui peut te mener loin. Si c’est à une folie, je te raisonnerai d’abord, quitte à t’aider ensuite. Mais récapitulons les faits ; la logique avant tout. Nous rencontrons à Uxmal dona Mercedes et sa sœur. Qu’y font-elles ? C’est leur affaire. On te montre un plan ; tu y découvres beaucoup de choses, exactes ou non, peu importe, nous y reviendrons plus tard. Tu en prends acte pour entamer avec dona Mercedes une explication qui se termine par un aveu, si je ne me trompe. Un philosophe

  1. Voyez la Revue du 1*"" décembre.