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arrivés dans un centre de plantation, la première chose qu’ils faisaient était de couper les fils du télégraphe pour empêcher les communications de se produire. Les témoins oculaires de la révolte avaient également remarqué quelque chose d’étrange. Les femmes canaques avec leurs enfans, dans toutes les guerres de tribu à tribu, sont préalablement déposées en lieu sûr aux sommets des montagnes ; elles y gardent avec les vieillards les provisions de réserve en cas d’insuccès. A Bouloupari, comme si le triomphe sur les blancs était assuré, les femmes et les enfans portaient les armes des guerriers et transportaient triomphalement sur les hauteurs les objets pillés. Cette nouvelle manière de faire fit croire aux Européens que les Canaques avaient la certitude de pénétrer jusque dans les rues du chef-lieu. Alors, dans le cas où les rebelles arriveraient à proximité de Nouméa, les transportés, qui ont leurs camps aux alentours, n’auraient-ils pas la pensée de se ruer sur les magasins pour y mettre le feu ou les piller ? On craignait aussi un mouvement du côté des déportés, et l’on se disait à l’oreille qu’ils profiteraient des circonstances pour se saisir d’un bâtiment de commerce étranger en rade et s’évader… Puis il y avait encore les Canaques employés à la police de la ville ou comme domestiques chez divers habitans ; leur présence au chef-lieu était un sujet d’inquiétude. Toutes ces appréhensions étaient autant de causes de démoralisation pour les Européens et surtout pour la partie féminine de la population. Il est vrai de dire qu’à chaque instant des hommes à cheval entraient à Nouméa à fond de train, portant ce qu’ils avaient de plus précieux attaché à leur selle, et paraissaient avoir l’ennemi à leurs trousses. Des chariots chargés de monde et d’effets arrivaient en toute hâte comme si la ville allait être investie. Le courrier de terre, qui fait trois fois par semaine le service de la poste entre Ourail et Nouméa, étant allé jusqu’à 12 kilomètres de la ville, était rentré plus mort que vif en disant que l’ennemi arrivait par groupes nombreux et qu’il n’avait pu passer la route. Les gens qui avaient des propriétés aux environs de la ville, et même des maisons dans les faubourgs, surgissaient de tous côtés et couraient se placer sous la protection des casernes. Les femmes des fonctionnaires et autres personnes de la ville, ne voulant entendre raison à aucun prix, se firent conduire en rade et demandèrent l’hospitalité aux navires de commerce mouillés dans le port. Un navire de Bordeaux, le Peg-Berland, a eu pendant deux jours quinze dames ou demoiselles réfugiées à son bord.

Grâce à la fermeté du gouverneur de la colonie, M. le capitaine de vaisseau L. Olry, grâce à l’entrain de nos officiers de terre et de mer, au sang-froid des directeurs de la déportation et de la