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UN
POETE COMIQUE
DU TEMPS DE MOLIÈRE

I.
LA JEUNESSE DE BOURSAULT.

On a beaucoup écrit sur Molière eu ces derniers temps. Nous avons toute une légion d’écrivains, chercheurs curieux, fouilleurs infatigables, qui s’appliquent à élucider tous les points encore obscurs de la vie du grand poète comique. Il semblait qu’après deux siècles de travaux sur l’auteur du Misanthrope, — et sans remonter même jusqu’à ces éditeurs, annotateurs, commentateurs, qui se succèdent sans interruption depuis plus de deux cents ans, — il semblait qu’après les historiens de nos jours, après Beffara et Taschereau, après Bazin et Eudore Soulié, la critique n’eût rien laissé à dire à de nouveaux investigateurs. On se trompait. Tout homme de plus qui sait lire, a dit spirituellement Sainte-Beuve, est un lecteur de plus pour Molière. Parmi ces lecteurs sans cesse renouvelés, il y a aussi des curieux dont la curiosité se renouvelle et s’aiguise. On se contentait naguère encore de la vérité générale, il suffisait qu’à l’aide des détails sûrement et heureusement rassemblés la physionomie du poète apparût en plein relief, il suffisait qu’on aperçût dans la réalité de sa vie le sage, l’artiste, le contemplateur,