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responsabilité aux défauts de cette éducation. Mais ce ne serait rien si cet élément flottant n’introduisait dans les écoles des fermens perpétuels de désordre et de corruption. Aussi quelques personnes compétentes se sont-elles demandé s’il convenait de mêler ces casual children à la population permanente des écoles, et s’il ne serait pas préférable de les tenir entièrement à part. Cependant, comme on redoute les résultats déplorables que donneraient nécessairement ces écoles affectées aux enfans les plus vicieux, on continue d’après les anciens erremens, qui sont peut-être après tout les meilleurs. Il est impossible toutefois que ce fâcheux mélange ne réagisse pas sur les résultats de l’éducation générale. Les résultats de cette éducation sont assez difficiles à établir avec exactitude. D’après les rapports des inspecteurs et en établissant une moyenne sur plusieurs années, 5 pour 100 parmi les garçons et 9 pour 100 parmi les filles pourraient être considérés comme ayant mal tourné; le reste mènerait une conduite satisfaisante. Au contraire, d’après une enquête, il est vrai, plus restreinte et qui ne porte que sur les jeunes filles élevées dans le district de la métropole, 54 pour 100 de ces jeunes filles mèneraient une conduite mauvaise ou médiocre, et 39 pour 100 une conduite bonne ou assez bonne, le reste étant mort ou disparu. La différence entre ces constatations tient peut-être à ce que pour la première de ces enquêtes les renseignemens ont été demandés aux directeurs des workhouses, tandis que pour la seconde ils ont été puisés à la source même. On remarque que, d’après les deux enquêtes, l’éducation des écoles de workhouse réussit moins bien pour les filles que pour les garçons, celles-ci étant toujours exposées à échouer sur ce terrible écueil de la prostitution qui, on le sait, n’est en Angleterre l’objet d’aucune réglementation et partant d’aucune répression.

En résumé, et à ne considérer que dans ses grandes lignes le système suivi en Angleterre, ce système nous offre-t-il un modèle à imiter? Je ne le crois pas, et cela pour deux raisons. La première, c’est que, si nous voulions faire comme nos voisins de l’internat charitable, nous réussirions beaucoup moins bien. Nous n’avons pas en France le génie de l’éducation en commun. Qu’il s’agisse d’un orphelinat tenu par des frères ou d’une école supérieure dirigée par des professeurs de l’état, nous n’avons jamais su réaliser cette alliance de la discipline avec la liberté qu’on rencontre en Angleterre aussi bien à bord de l’Exmouth qu’à Eton ou à Oxford. La seconde, c’est qu’en France nous sommes entrés dans le pratique d’un système qui, à notre point de vue, vaut mieux : celui du placement des enfans chez des familles de cultivateurs. Ce système est adopté également en Écosse, et il y a donné des résultats assez satisfaisans pour qu’en