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avant que l’éducation des enfans pauvres ne fût devenue en Angleterre une des préoccupations principales de l’opinion publique. Ce serait être trop sévère que de dire que les aménagemens en sont défectueux ; mais ils sont loin d’égaler l’intelligence et presque le luxe de celles dont j’aurai à parler tout à l’heure. Les deux cours, celle des garçons et celle des filles, sont deux grands carrés sans ombre, n’ayant d’autre perspective que les murailles du workhouse qui est tout proche, car le workhouse et l’école, séparés au point de vue de l’administration, ne le sont pas au point de vue du voisinage. Ce rapprochement ne présente pas seulement l’inconvénient très réel que j’ai signalé d’habituer les yeux et l’imagination des enfans avec l’aspect et la perspective de ce triste asile, mais celui, beaucoup plus tangible, de les laisser sous la coupe directe d’influences souvent détestables : ainsi celle de leurs parens enfermés comme eux au workhouse ou venant les voir les jours de visite. Aussi peut-on considérer comme un des progrès les plus sérieux qui aient été accomplis l’établissement des écoles séparées aux environs de Londres. Ces écoles sont installées à la campagne dans des bâtimens qui sont parfois assez anciens, mais généralement aménagés d’une façon satisfaisante. L’école qui reçoit les enfans de l’union de Lambeth et qui est située à Norwood, sur la route du Palais de Cristal, peut être citée comme un spécimen moyen de ces écoles. A l’école de Norwood, tous les dortoirs ne répondent peut-être pas aux conditions d’une bonne ventilation, et on y a conservé (ainsi que dans certaines autres écoles) l’habitude vicieuse à tous les points de vue de faire coucher deux enfans dans chaque lit. Les ateliers sont peut-être un peu sombres; mais en revanche les salles de classe sont claires et bien installées, la cour spacieuse et ombragée. On sent que ni l’air ni l’espace ne manquent, et que le jour où l’on voudrait agrandir des bâtimens vieillis, on ne serait pas embarrassé de trouver la place nécessaire. Toutefois ce n’est pas une école séparée qu’il faut visiter si l’on veut savoir le dernier terme d’une bonne Installation scolaire en Angleterre; c’est une école de district. Les inspecteurs du gouvernement local sont justement fiers de ces écoles de district, et, tout en admirant, comme je l’ai fait de bon cœur, l’intelligence et la perfection de leurs installations, je remarquais en moi-même que les administrations paroissiales en Angleterre ne sont pas plus exemptes que nos administrations publiques en France de cette manie de la bâtisse somptueuse que nos voisins désignent d’une expression concise et juste : overbuilding. J’ai vu dans ces écoles telle cage d’escalier et telle salle de réunion pour le bureau des gardiens dont se ferait gloire l’élégance d’une maison particulière, et je me suis mieux