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schools). Ces écoles sont, ainsi que leur nom l’indique, établies loin du workhouse. Si le workhouse est dans une grande ville, elles sont souvent situées à la campagne. En tout cas le personnel et l’administration des deux établissemens sont absolument distincts, et ils n’ont de lien commun que d’être sous la surveillance du même bureau de gardiens. Le nombre de ces écoles séparées est d’environ soixante. Si ce nombre n’est pas plus élevé, cela tient à des raisons d’économie. Beaucoup d’unions ont trop peu d’enfans pauvres pour qu’il soit, aux yeux des gardiens, nécessaire de pourvoir à une installation spéciale. Beaucoup sont au contraire trop chargées de dépenses et trop pauvres pour faire face aux frais de cette installation. Dans ce cas, le seul remède est l’association de plusieurs unions pour construire une école commune, qui prend alors le nom d’école de district. La législation anglaise tend à favoriser depuis longtemps la création de ces écoles de district, et deux actes de 1845 et de 1848 ont investi le bureau du gouvernement local (local government board) de pouvoirs étendus pour triompher des difficultés et pour trancher les contestations qui font souvent obstacle à l’entente entre les unions. Mais leur développement a été assez lent, et il y a sur ce point une sorte de lutte entre les tendances centralisatrices de la législation et l’esprit d’indépendance des paroisses. On ne compte aujourd’hui en effet que neuf écoles de district, qui reçoivent 5,582 enfans provenant de trente-trois unions, et sur ces neuf, cinq reçoivent uniquement des enfans provenant du district de la métropole.

Ces différens établissemens, écoles de workhouse, écoles séparées, écoles de district, ne varient pas moins dans les détails que dans le principe de leur organisation, et, sous peine d’allonger indéfiniment cette étude, il serait impossible d’entrer dans tous ces détails. Cependant on lira peut-être avec intérêt quelques renseignemens concernant les établissemens scolaires de la ville de Londres consacrés aux enfans pauvres. La métropole (tel est le nom que porte sur les statistiques l’agglomération urbaine groupée sur les deux rives de la Tamise) est formée par trente unions comprenant elles-mêmes cent quatre-vingt-dix paroisses. Sur ces trente unions, une seule, celle de Hampstead, qui n’a en moyenne que trois cent cinquante pauvres à sa charge, adultes et enfans compris, envoie ses enfans pauvres à l’école nationale. Onze ont pour leurs enfans des écoles séparées. Toutes ces écoles ont été construites à la campagne, sauf une seule de fondation assez ancienne, et qu’à ce titre j’ai cru devoir visiter, celle de Mile End Old Town, qui est située dans l’intérieur de Londres. L’école de Mile End Old Town est un spécimen assez exact de ces écoles, telles qu’on les construisait