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peuplées d’un petit nombre d’essences dont quelques-unes seulement dominent dans les massifs, tandis que les autres, en quelque sorte subordonnées aux premières, ne s’y rencontrent qu’à l’état de mélange ou par bouquets épars. Les essences principales sont au nombre de dix-huit, dont onze de première grandeur: ce sont le chêne pédoncule, le chêne rouvre, le hêtre, le châtaignier, le sapin, l’épicéa, le mélèze, le pin sylvestre, le pin laricio, le pin maritime et le pin cembro ; six sont de deuxième grandeur : le chêne tauzin, le chêne-liège, le chêne occidental, le charme, le pin de montagne et le pin d’Alep. Une seule est de troisième grandeur, c’est le chêne yeuse. Les essences secondaires qui, malgré l’importance de quelques-unes d’entre elles, ne forment jamais de massifs homogènes, sont au nombre de quarante-huit, parmi lesquelles nous citerons le tilleul, l’érable sycomore, le frêne, l’orme, le peuplier blanc, le peuplier grisard, l’aune, le bouleau, le tremble, les diverses espèces de saule, etc. La flore arbustive est plus variée; elle est représentée par deux cent soixante-cinq espèces, qui de la taille presque arborescente du noisetier et du houx descendent à celles des bruyères et des airelles. Si peu nombreuses que soient nos essences forestières, elles ont des aptitudes assez variées pour pouvoir s’accommoder à tous les sols, à tous les climats, à toutes les altitudes de notre pays. Tous les terrains, qu’ils soient siliceux, argileux ou calcaires, secs ou marécageux, qu’ils s’étendent sur les bords de la mer ou s’élèvent à l’altitude de 2,400 mètres, où s’arrête dans les Alpes la végétation arborescente, ont leur essence de prédilection et peuvent se couvrir de bois, sans qu’il soit nécessaire de recourir aux essences exotiques pour combler les lacunes.

Considérées dans leur ensemble, on peut distinguer en France trois grandes régions forestières dont les limites respectives se confondent parfois, mais qui n’en sont pas moins bien tranchées : la région chaude, la région tempérée ou moyenne, et la région froide ou montagneuse. La région chaude ou méditerranéenne et océanique du sud est caractérisée par la prédominance de l’yeuse ou chêne vert, et du pin maritime. On y trouve aussi quelques essences de la zone tempérée; le chêne y revêt la forme pubescente et prend le nom de chêne blanc ; le hêtre et le charme font à peu près défaut. La flore arbustive renferme surtout des espèces à feuilles persistantes telles que le ciste, le myrte, l’arbousier, le laurier, la bruyère arborescente, etc. La région tempérée est la plus étendue; sa flore, qui est aussi la plus nombreuse, est caractérisée par le charme, qui ne descend pas dans la région du chêne yeuse et qui s’arrête là où commence avec le sapin la région froide. C’est celle des bois feuillus, parmi lesquels le chêne rouvre, le chêne pédoncule, le hêtre, le châtaignier,