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LES
IDÉES ANTIQUES SUR LA MORT
ET LA
CRITIQUE DE CES IDÉES PAR ÉPICURE

Un jeune écrivain de science et de talent vient de publier sous ce titre : la Morale d’Épicure et ses rapports avec les doctrines contemporaines, un livre que l’Académie des sciences morales et politiques avait couronné, sous forme de mémoire, dans un de ses plus récens et plus brillans concours[1]. Ce sera pour nous une occasion toute naturelle de rappeler quelques-unes des raisons qui expliquent la prodigieuse fortune de cette philosophie dans la société antique. Nous bornerons notre étude à une seule question, mais qui eut une importance capitale dans les destinées de l’école, celle autour de laquelle s’agitèrent les plus vives controverses et qui fut, dans l’antiquité, comme elle l’est encore aujourd’hui, la question dramatique par excellence, la question de la mort. Bien que cette grande controverse ait été souvent abordée en passant par les historiens de la philosophie ancienne et récemment encore étudiée à différens points

  1. A vrai dire, ce livre n’est que la première partie du mémoire présenté à l’Académie par M. Guyau. La seconde partie, non encore publiée, comprenait l’examen de la morale anglaise contemporaine. L’importance du sujet explique la publication à part de l’ouvrage consacré à la morale d’Épicure : il y a là un essai d’interprétation de certaines idées épicuriennes qui mérite l’attention de la critique. Je signalerai particulièrement, outre le chapitre où j’ai pris l’occasion de cette étude, celui où le jeune auteur expose la théorie du clinamen qui, selon lui, exprime la contingence dans la nature et se lie nécessairement à la conception de la liberté dans l’homme ; point de vue contestable, mais intéressant et curieux.