Doux questions qui résument la situation, la politique du moment, ont été depuis quelques jours livrées à toutes les polémiques, — l’une incidente, secondaire et déjà résolue, l’autre d’un ordre plus grave et destinée à peser quelque temps encore sur l’opinion. A quelle date précise pouvaient et devaient se faire les premières élections sénatoriales prévues par la loi organique qui a constitué les pouvoirs publics ? Quel sera en fin de compte l’esprit qui prévaudra dans ce scrutin peut-être décisif pour l’affermissement des institutions nouvelles, pour l’avenir de la république en France ? A la veille de la rentrée des chambres à Versailles, tout est là.
La question préliminaire de date et de procédure est désormais tranchée par le décret présidentiel qui fixe au 27 de ce mois la réunion des conseils municipaux appelés à choisir leurs délégués, et au 5 janvier prochain la réunion des délégués appelés à coopérer à la nomination des nouveaux sénateurs. 27 octobre, 5 janvier, voilà la campagne ouverte pour plus de deux mois dans plus de trente départemens ! Le ministère l’a décidé ainsi sous sa responsabilité, sans s’arrêter aux consultations d’un comité de légistes conservateurs qui refusaient au gouvernement le droit de convoquer les conseils municipaux avant la rentrée des chambres et d’ouvrir le scrutin sénatorial aux premiers jours de janvier. A l’interprétation du comité de la droite, le gouvernement a opposé sa propre interprétation ; il a eu sans doute ses raisons, il a dû peser tous les intérêts comme toutes les convenances. A vrai dire cependant, on ne voit pas bien pourquoi il a tenu à tout brusquer, à faire élire les délégués municipaux plus de deux mois avant le scrutin, au risque de laisser ces malheureux délégués livrés à toutes les obsessions, à toutes les intrigues qui ne manqueront pas de se nouer autour d’eux. Le gouvernement était dans son droit : sa convocation n’a rien d’irré-