Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 29.djvu/845

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du laricio; puis l’épicéa qui s’élève jusqu’à 2,400 mètres, et qui est lui-même distancé par le mélèze, par le pin de montagne et surtout par le pin cimbro, qui végète jusqu’à 2,700 mètres. Trois mois de froids non interrompus en hiver, et une somme totale, pendant l’été, de 1,450 degrés sont nécessaires à l’épicéa, tandis que le pin cimbro se contente d’une somme de température de 810 degrés, d’une durée de froid d’au moins soixante-sept jours. Parmi les élémens climatériques nécessaires à la végétation, il importe en effet de ne pas négliger celui de la durée de l’engourdissement des plantes, durée variable suivant les espèces, mais qui est aussi indispensable que la somme de température de l’été.

Ainsi que nous l’avons dit, dans toutes les parties reculées, les forêts sont encore fort belles et d’une richesse exceptionnelle; mais dans les parties plus accessibles, notamment en Bohème, en Moravie et en Silésie, elles sont, comme celles de l’état, exploitées en vue de la rente la plus élevée. On ne cherche donc pas à pousser les arbres jusqu’à un âge avancé pour avoir du bois de très fortes dimensions, on s’attache au contraire à raccourcir les révolutions pour tirer des forêts le plus tôt possible tout ce qu’elles peuvent donner; on se trouve conduit ainsi à substituer aux chênes et aux essences feuillues, dont la croissance est relativement lente, des épicéas et des plus sylvestres, qui atteignent une valeur marchande au bout d’un petit nombre d’années. Si ce système d’exploitation convient dans une certaine mesure aux particuliers qui ne peuvent immobiliser dans leurs bois un capital trop considérable, il est absolument contraire aux principes économiques qui doivent présider à l’exploitation des forêts de l’état. Aussi voit-on celui-ci abandonner les forêts qu’il possède et les livrer par des aliénations successives à la spéculation privée, représentée soit par des sociétés formées pour l’exploitation des forêts, soit par des propriétaires qui possèdent des biens fonds d’une très grande étendue, d’origine féodale, et qui en tirent directement parti. De nombreuses scieries, des fabriques de parquets, des usines à tourner le bois, des fabriques d’allumettes se sont établies à proximité des massifs et transforment incessamment les arbres qu’on leur amène et que dévore une consommation toujours croissante.

L’exposition de la Hongrie est distincte de celle de l’Autriche, et a été organisée par le ministère spécial de ce pays. Comprise entre les Carpathes et les frontières de la Turquie, la Transleithanie est, sauf la Croatie et la Transylvanie, une vaste plaine arrosée par le cours moyen du Danube et par ses affluens. Les forêts s’y divisent, comme celles de l’Autriche proprement dite, en forêts