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aujourd’hui les indigènes commencent à s’y livrer et profitent de la saison des pluies pour faire flotter sur les cours d’eau les bois abattus dans l’intérieur. Les procédés employés jusqu’ici sont très rudimentaires, mais il est probable que cette industrie va se développer et se régulariser, car un agent supérieur de l’administration des forêts a été récemment chargé de l’organisation d’un service spécial.


VI.

Nous arrivons à l’Europe dont les côtes découpées forment des golfes et des mers intérieures qui permettent aux vents humides de pénétrer dans toutes les directions et d’amener la pluie sur les points les plus reculés. Au centre, et comme le noyau de cette partie du monde, s’élève la chaîne des Alpes, avec ses nombreuses ramifications, qui condense les nuages et distribue les pluies dans les vallées, en donnant naissance à de nombreux cours d’eau qui rayonnent de toutes parts. Les neiges qu’elles accumulent pendant l’hiver font l’office d’un puissant réservoir qui, pendant les chaleurs de l’été, alimente les fleuves et les rivières et atténue les effets des sécheresses. Mieux partagée que les autres continens, l’Europe n’a ni déserts, ni pampas, et si elle n’est pas tout entière couverte de forêts, c’est parce que la culture les a fait disparaître et les a remplacées. Elle appartient à la zone tempérée, sauf pour une petite partie qui pénètre dans la zone arctique. La flore de cette dernière est fort pauvre et ne comprend en fait d’arbres que des bouleaux, des plus et des mélèzes; le sol, qui pendant les quelques mois d’été ne se dégèle qu’à la surface, ne peut supporter que des essences à racines traçantes, car les autres ne pourraient puiser leur nourriture dans les couches glacées du sous-sol. Le surplus de l’Europe peut être divisé en deux régions : la région tempérée proprement dite et la région méditerranéenne.

Cette dernière comprend tous les pays baignés par les flots bleus de la Méditerranée : l’Espagne, la Provence, l’Italie, la Grèce, la Turquie jusqu’aux Balkans, la Syrie et toute la côte Africaine. Elle est caractérisée, au point de vue du climat, par la douceur de l’hiver, et par cette circonstance qu’il n’y pleut pas pendant l’été, parce que l’atmosphère échauffée du tropique et du Sahara aspire l’air des régions situées plus au nord et détermine la formation d’un vent de nord-est dépourvu d’humidité qui maintient le ciel toujours pur. Les hivers y sont doux sans que les étés y soient très chauds; mais des circonstances locales, telles que la disposition des chaînes de montagnes, modifient parfois ces caractères généraux. La marche