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et herbacées se montrent avec abondance; partout où ces vents n’arrivent qu’après avoir été dépouillés des vapeurs qu’ils contenaient apparaît le désert. Tel est le cas de presque toute l’Asie centrale, depuis la Mer-Noire jusqu’à la chaîne du Khian-chan, c’est-à-dire du tiers environ de cette partie du monde. Le climat de cette région, dite région des steppes, est caractérisé par un hiver très froid, auquel succède, presque sans transition, un été très chaud, dus l’un et l’autre au vent desséchant du nord-est; le printemps dure à peine quelques semaines, et la végétation, qui n’a que trois mois pour accomplir toutes ses phases, impuissante à produire aucun arbre, ne peut fournir aucun abri contre les ardeurs du soleil ou contre la bise glacée du nord.

Cette vaste région, dont la disposition des montagnes modifie par places le caractère général, comprend les plaines méridionales de la Russie, depuis la Mer-Moire jusqu’à la mer Caspienne, l’Asie-Mineure, l’Arabie, la Transcaucasie ; elle s’étend sur la Perse, vaste steppe qui se développe jusqu’à la vallée de l’Indus et ne présente quelque fertilité que sur une étroite bande de terrain aux bords de la mer Caspienne, habités par des peuplades nomades. Mais au-delà la région de l’Aral est un désert inhabitable où les hommes et les animaux ne peuvent trouver de nourriture, où les pluies qui tombent accidentellement sont aussitôt absorbées par le sol. Les pays situés à l’ouest des grandes chaînes de l’Asie centrale, l’Altaï et le Khian-chan, c’est-à-dire la Dzoungarie et la Kachgarie, sont d’une remarquable fertilité; abrités contre les vents desséchans par des hauteurs infranchissables, arrosés par de nombreux cours d’eau, ils peuvent être considérés comme la serre chaude de la vieille Asie; mais à l’est s’étendent la grande plaine de Gobi et la Mongolie, qui sont de véritables déserts; il en est de même du Thibet, où la sécheresse de l’air ne permet qu’une végétation pauvre sur un sol rocailleux. L’Asie-Mineure, il est vrai, n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui, et il est probable que des irrigations bien. entendues et des reboisemens faits sur une grande échelle pourront lui rendre son ancienne splendeur; c’est une tâche à laquelle il faut espérer que l’Angleterre ne faillira pas, puisqu’elle est aujourd’hui responsable de la prospérité de cette contrée.

La région chino-japonaise, qui s’étend du Thibet à l’Altaï et du tropique boréal au bassin de l’Amour, en y comprenant les îles japonaises, est, sous le rapport du climat, plus soumise que toute autre aux mouvemens généraux de l’atmosphère, et parmi eux les moussons ont une influence prépondérante. La mousson du nord-est, qui souffle du mois d’octobre au mois d’avril, donne au Japon et surtout à la Chine un climat d’automne et d’hiver sec et froid,