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et c’est en se basant sur ce principe que les différens actes, qui ont constitué la propriété en Algérie, ont considéré les forêts comme appartenant de droit à l’état. Cependant les commissions chargées de délimiter les terres à laisser aux indigènes, instituées en vertu du sénatus-consulte de 1863, ont attribué à ceux-ci, soit à titre collectif, soit à titre particulier, la propriété de quelques forêts. Elles ont de plus attribué aux connu unes, sous forme de cantonnement, certaines portions de forêts représentant la valeur des droits d’usage que les habitans exerçaient précédemment sur la forêt entière. Enfin, il a également été abandonné dans ces derniers temps aux communes européennes, à titre de dotation forestière, des parties de forêts destinées à leur fournir les bois dont elles ont besoin.

A la suite de ces diverses opérations, les 2,360,747 hectares de forêts se trouvent répartis ainsi qu’il suit :


A l’état 1,969,247 hectares.
Aux communes 77,749 —
Aux particuliers . 313,751 —

L’état se trouve donc chargé, soit comme propriétaire, soit comme tuteur des communes, de la gestion de plus de 2 millions d’hectares de forêts. Il emploie à ce service 69 agens, 288 gardes et brigadiers français, 111 gardes indigènes, et y consacre un budget de 1,188,660 francs. Ce service comprend, outre la délimitation des massifs boisés et le cantonnement des communes usagères, la répression des délits et la surveillance des exploitations. De tous les délits les plus redoutables sont les abus de pâturage et les incendies. La sécurité que la domination française a donnée aux indigènes, qui ne sont plus comme autrefois exposés à des razzias de tribu à tribu, leur a permis d’élever plus de bétail en même temps qu’elle en a considérablement augmenté la valeur; aussi voit-on pendant la saison sèche des troupeaux entiers abandonner la plaine aride pour chercher dans les forêts des hauts plateaux une herbe plus abondante; mais pour empêcher que ces troupeaux ne dévastent les jeunes coupes, on les cantonne dans les parties où les arbres sont assez forts pour n’avoir plus rien à en craindre. Parfois, pour augmenter l’étendue des pâturages disponibles, les bergers mettent le feu aux forêts et occasionnent ainsi des incendies qui dévorent plusieurs centaines d’hectares. La loi du 17 juillet 1874 a prescrit des mesures énergiques pour mettre fin à ces dévastations, et il faut espérer que la responsabilité collective des tribus triomphera de ces pratiques sauvages.

La difficulté des transports a empêché jusqu’à présent l’exploitation