convenir. On en a planté en Californie, en Guyane, dans l’Inde, sur les côtes de la Provence et surtout en Algérie, où elle paraît appelée à rendre les plus grands services.
La variété la plus connue est l’eucalyptus globulus, appelée par les Anglais blue gum à cause de la résine qu’elle distille; elle n’a pu jusqu’à présent dépasser la zone méditerranéenne, car elle ne supporte pas un froid de plus de 4 degrés au-dessous de zéro; mais il n’est pas douteux que sur les 160 variétés d’eucalyptus il n’y en ait quelqu’une qui ne puisse s’accommoder à nos climats tempérés; on a remarqué d’ailleurs que les sujets, issus des graines des arbres qui ont végété en France, sont déjà plus robustes que ceux qui leur ont donné naissance et supportent des froids plus rigoureux. Cette essence serait pour nous une conquête des plus utiles, moins peut-être par les produits ligneux qu’elle fournit que par les services qu’elle peut rendre en assainissant le pays, en desséchant les marais, en mettant en valeur des terres incultes. L’eucalyptus en effet, ou tout au moins quelques-unes de ses variétés, s’accommode aussi bien des sols calcaires que des sols siliceux, des terrains secs que des terrains humides; mais il exige partout un sol meuble et perméable qui lui permette d’étendre au loin ses racines.
Le bois de l’eucalyptus est très dense et renferme peu d’aubier, ce qui est très remarquable pour un arbre qui s’accroît de 5 à 6 mètres par an ; exposé à l’air, il durcit et devient difficile à travailler; cette propriété est due à la solidification des gommes et des résines contenues dans le tissu ligneux, auquel elles donnent une durée remarquable, et qu’elles mettent à l’abri des ravages du taret, le rendant ainsi particulièrement propre aux constructions hydrauliques. Dans nos contrées, ce bois est disposé à se fendre et à se tourmenter, mais ne fût-il propre qu’au chauffage ou à la fabrication des traverses de chemin de fer, il n’en serait pas moins fort utile. A l’âge de cinq ans, des eucalyptus plantés près du lac Fetzara, en Algérie, fournissaient des poteaux télégraphiques et des perches de mines; à douze ans, ils avaient plus de 2 mètres de circonférence et 30 mètres de hauteur.
Le bois de l’eucalyptus n’est pas le seul produit qu’on en puisse tirer; l’écorce, épaisse et fibreuse, sert à fabriquer des cordes, des nattes et une sorte de feutre imputrescible pour les couvertures légères; les gommes et résines sont utilisées dans la pharmacie et la parfumerie; les feuilles fournissent une huile propre à l’éclairage, et, infusées dans l’alcool, elles donnent une liqueur antiseptique excellente pour le pansement des plaies de mauvaise nature et les affections cancéreuses; même desséchées, elles renferment encore 15 pour 100 de tannin et conservent pendant longtemps la propriété