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de voitures, des châssis de fenêtres, des portes qu’on expédie jusqu’en Australie toutes fabriquées, des bois tournés de toute espèce, le gouvernement a fait construire dans le grand vestibule un magnifique trophée en planches de diverses essences, donnant une haute idée de la production ligneuse de ce pays. Une tronce d’abies Douglasii de 2 mètres de diamètre, provenant d’un arbre de 100 mètres de haut et âgé de 566 ans, montre quelle est la puissance de la végétation sur la côte du Pacifique.

L’exploitation des forêts est la principale industrie du Canada, elle est abandonnée à des concessionnaires qui, moyennant redevance, abattent des cantons tout entiers. C’est là un procédé barbare qui amènera inévitablement la ruine des forêts et qu’il serait bien utile d’enrayer pendant qu’il en est temps encore. Le parlement canadien ne recule pas d’ailleurs devant les sacrifices nécessaires pour améliorer le cours des fleuves qui doivent par le flottage amener les bois du fond des forêts jusqu’à Québec, où ils sont embarqués pour les diverses parties du monde. Ces bois sont contrôlés à la sortie par des inspecteurs spéciaux qui y appliquent une marque indiquant la catégorie à laquelle ils appartiennent. Grâce à ce procédé, le commerce se fait avec la plus grande loyauté et le consommateur est sûr de ce qu’il achète. Ce sont surtout des planches de chêne, de pin rouge, de sapin, d’érable et de noyer qui font l’objet des exportations, et c’est l’Angleterre qui en est le principal débouché. Le Canada ne fait avec la France qu’un commerce peu important, et que le gouvernement anglais ne cherche pas à développer de crainte de perpétuer les sympathies françaises qui sont toujours vivaces dans cette colonie. Celle-ci en effet n’a pas été comprise dans le traité de commerce fait en 1860 entre la France et l’Angleterre, et comme elle ne peut pas traiter séparément pour son propre compte, elle reste soumise vis-à-vis de nous au tarif général, qui, comme on sait, est un tarif presque prohibitif. Aussi les relations commerciales entre le Canada et son ancienne métropole sont-elles presque nulles, au grand détriment des deux pays qui auraient cependant beaucoup à gagner à des rapports plus fréquens. Cette situation a provoqué chez les Canadiens un profond mécontentement qui s’est, même pendant l’exposition, manifesté à plusieurs reprises.

L’exposition des États-Unis n’est pas moins intéressante que celle du Canada. Les collections, outre les nombreux échantillons d’essences similaires à celles de nos pays, eu renferment quelques-uns appartenant à des variétés particulières à l’Amérique; de ce nombre est le pitchpine dont on fait en Europe, depuis quelques années, une grande consommation. C’est un bois parfaitement veiné, dur