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dont il est composé. Ces élémens se substituent les uns aux autres sans que la végétation paraisse s’en ressentir, et l’on voit les mêmes espèces pousser sur les sols les plus divers. Les chênes viennent également bien dans l’argile et dans la silice, les plus prospèrent dans les sables purs comme dans les sols tourbeux ; le hêtre préfère les terrains calcaires, mais il croît dans tous les autres et ne redoute qu’un excès d’humidité. Ainsi, tout en ayant leurs préférences, les diverses essences ne sont pas exclusives et jouissent d’une certaine plasticité; aussi peut-on dire qu’en matière de forêt, il n’y a pas, à proprement parler, de bon ou de mauvais sol, puisqu’il n’en est pas qui ne convienne à une essence ou à une autre.

Si la nature du sol n’est pour la végétation forestière que d’une importance secondaire, il n’en est pas de même du climat. Pour que les arbres puissent se maintenir dans un lieu déterminé, il leur faut, outre certaines conditions de température, variables suivant les essences, une quantité d’eau suffisante pour faire face à tous les phénomènes de la végétation. L’eau et la chaleur sont les agens principaux de la vie des plantes, et c’est d’elles surtout que dépend la distribution des familles sur la surface du globe. Si donc on rencontre dans certaines régions de vastes espaces déserts ou dépourvus d’arbres, ce n’est pas à la stérilité du sol qu’il faut s’en prendre, mais à un climat défavorable à la végétation arbustive. Le climat lui-même étant la conséquence de la situation météorologique d’une contrée, il importe de rappeler en quelques mots les phénomènes qui la déterminent.

Les rayons solaires, aux environs de l’équateur, échauffant les masses gazeuses en contact avec la terre, les dilatent et les forcent à s’élever dans les régions supérieures de l’atmosphère. Ces masses d’air chaud se refroidissent en s’élevant et se déversent vers le nord et vers le sud; elles sont remplacées dans les régions inférieures par l’air plus froid qui vient des pôles et qui s’échauffe à son tour. Il s’établit donc, dans chaque hémisphère, un double courant qui va du pôle à l’équateur, dans les régions basses, et de l’équateur au pôle, dans les régions élevées; mais, par suite de la rotation de la terre, plus rapide à l’équateur qu’aux pôles, ce dernier s’infléchit vers l’est et tend, à mesure qu’il s’avance vers le nord, à devenir un vent d’ouest, tandis que le courant venant du pôle, en se rapprochant de l’équateur, dévie vers l’ouest et finit par souffler de l’est. — Suivant que ces courans traversent des continens ou des océans, ils se dessèchent ou se saturent d’humidité et amènent avec eux le beau temps ou la pluie. Aux environs de l’équateur, le soleil transforme en vapeurs une masse d’eau considérable dont une partie retombe immédiatement par suite du refroidissement