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du Mexique et de Rome, et que des considérations politiques seules ont empêché la France « de prendre une part comminatoire à la guerre d’Allemagne. » — « Eh quoi ! s’écrie-t-il, une nation qui peut réunir sous les drapeaux en quelques semaines 600,000 soldats, qui a dans ses arsenaux 8,000 pièces de campagne, 1,800,000 fusils et de la poudre pour faire dix ans la guerre, ne serait pas toujours prête à soutenir par les armes son honneur compromis et son droit méconnu !.. Notre armée n’a pas de fusils à aiguille, a-t-on dit, mais nos voltigeurs du premier empire ont-ils été arrêtés par les carabines des Tyroliens et des riflemen anglais ? Rappelons les vertus militaires des temps passés, cela vaudra mieux que les fusils à aiguilles. »

M. le maréchal Randon, en se justifiant de la sorte, méconnaissait les exigences de la guerre moderne et ne tenait aucun compte des fâcheuses expériences faites en Crimée et en Italie. Il ne pouvait ignorer cependant que, lorsque les troupes en temps de guerre ne sont pas divisées en corps d’armée ayant chacun en réserve dans sa circonscription des cadres et des soldats exercés, il arrive que pour former subitement une armée on enlève à tous les corps leur élite en officiers, sous-officiers et soldats. On a un devant de rideau imposant, mais ce qui reste derrière, bien que nombreux, est incapable de constituer promptement une armée solide. On l’avait vu en 1854, en 1859, et, malgré ces épreuves significatives, on devait le revoir en 1866 et en 1870.

La guerre de 1854 avait été le premier avertissement ; elle avait démontré jusqu’à l’évidence que notre organisation militaire ne nous permettait pas de soutenir sans alliés une lutte européenne. Pour maintenir l’armée de Crimée au niveau de 200,000 hommes, il fallut, pendant trois années successives, élever le contingent à 140,000 hommes et enlever des régimens restés en France les meilleurs soldats.

En 1859, l’expérience avait été plus concluante encore. Nous étions censés avoir 350,000 hommes sous les drapeaux et 150,000 hommes en congés renouvelables, et l’on ne put envoyer au-delà des Alpes qu’environ 200,000 hommes, bien que le contingent eût été porté à 140,000 hommes. Menacé d’une intervention éventuelle de la Prusse, l’empereur dut signer précipitamment la paix faute de réserves et n’ayant que 150,000 hommes sous la main. Ce qui restait en France n’était pas assez solide, les cadres étant écrémés, pour former une armée capable de résister à une invasion sur le Rhin. « J’ai fait la guerre à l’Autriche, et j’ai mis sur le pied de guerre et mobilisé une armée de 150,000 hommes, » disait l’empereur au conseil d’état lorsqu’en 1867 il lui demandait une loi militaire permettant d’assurer à la France, non pour l’offensive, mais pour sa