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des œuvres d’art très remarquables. Ces découvertes heureuses, les marbres précieux dont ce sol est pour ainsi dire jonché, les inscriptions qu’on y rencontre partout finirent par éveiller l’attention du public. Beaucoup de personnes se disaient qu’on avait peut-être sous la main, à quelques lieues de Rome, une autre Pompéi, et qu’il fallait ne pas négliger cette bonne fortune. En 1800, le pape Pie VII eut l’idée d’y commencer des fouilles régulières, qui furent dirigées par l’architecte J. Petrini ; malheureusement, les événemens politiques les interrompirent bientôt. Elles ne furent reprises qu’en 1855, par Pie IX, qui en chargea M. Visconti. Les travaux, accomplis par des galériens qu’on avait logés dans le château-fort de Jules II, furent bien conduits, et le succès qu’on obtint dès le début attira sur eux l’attention du monde savant.

À l’époque où les fouilles commencèrent, il n’était rien resté debout de la vieille Ostie que les quatre murs d’un temple qu’on appelait, je ne sais pourquoi, le temple de Jupiter, et qui devait être l’un des plus importans de la ville. Ce temple avait été sauvé de la destruction par sa hauteur ; il était bâti au-dessus d’un vaste soubassement qui formait une sorte d’étage inférieur presque aussi haut que le temple lui-même. Les décombres des maisons voisines ayant recouvert tout cet étage, la porte du monument s’était trouvée de niveau avec le nouveau sol, et, la fortune aidant, les quatre murs avaient tenu bon. C’était donc le seul édifice qui eût survécu à la ruine commune, et de tous les côtés de l’immense plaine il attirait sur lui les regards. Du temps de Pie VII, on avait commencé les fouilles de ce côté et dégagé les environs du temple. M. Visconti voulut procéder d’une autre façon et suivre une marche plus régulière. Au lieu de s’établir du premier coup, comme l’avait fait Petrini, au cœur de la ville qu’il voulait découvrir, il l’attaqua, pour ainsi dire, du dehors et il essaya d’y entrer par la porte. Il se souvint qu’on avait trouvé à un certain endroit un assez grand nombre d’inscriptions funéraires, et supposa que cet endroit devait être voisin d’une voie publique. À Ostie, comme partout, les sépultures étaient placées des deux côtés des grands chemins, et l’on n’arrivait à la demeure des vivans qu’après avoir traversé celle des morts. Ces suppositions se trouvèrent justes, et en creusant autour des tombes on ne tarda pas à découvrir les larges dalles de la via Ostiensis. On était sûr dès lors de ne plus se tromper, et l’on n’avait qu’à marcher devant soi pour arriver à la porte de la ville.

La voie a été déblayée sur une assez grande étendue. Elle se compose d’une chaussée de 5 mètres de largeur, avec de spacieux trottoirs, et deux rangées de tombes. Ces tombes, moins belles en