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ETUDE
SUR LA
POLITIQUE FRANÇAISE EN 1866

II.
LES DERNIÈRES NÉGOCIATIONS AVANT LA GUERRE.


III. — LES PRÉLIMINAIRES DE LA GUERRE ET L’OPINION PUBLIQUE EN FRANCE.

M. de Bismarck rentrait à Berlin dans les derniers jours d’octobre 1865. Il avait tout lieu d’être satisfait de son voyage. Biarritz n’avait pas été seulement pour lui un lieu de pèlerinage, il l’appelait aussi « sa fontaine de Jouvence. » Ses vœux étaient en partie exaucés. Contrairement aux prévisions de ses adversaires à la cour, il rapportait les plus précieuses des garanties, la neutralité de la France et un laisser-passer sans réserve pour l’Italie. Sa satisfaction eût été sans mélange, si, au lieu de se borner à des promesses verbales, l’empereur, dont il appréciait du reste la loyauté, avait voulu s’engager par écrit. En traversant Paris, il s’était abouché avec M. Nigra, qui devenait pour sa politique un précieux auxiliaire. Il se montra plein d’expansion. Tout à la joie de ses entretiens avec l’empereur, il considérait désormais la guerre comme inévitable et exprimait avec une absolue confiance l’espoir que la France ne lui serait pas hostile[1]. « Si l’Italie n’existait pas, disait-il, il faudrait l’inventer. »

Dès son retour, il se mettait à l’œuvre, il posait ses jalons, brouillait les cartes et s’arrangeait de façon à s’assurer les atouts. Laissant au but le soin de justifier les moyens : « Je voudrais, disait-il, ramener l’Allemagne à l’état de complications où elle se trouvait à la veille de la convention d’Olmütz. »

  1. La Marmora.