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faut jamais perdre de vue que les tissus chinois, absolument incapables de rivaliser avec notre industrie lyonnaise, sont néanmoins maintenus à des prix relativement très élevés et par conséquent peu engageans.

Le chiffre des affaires avec la Chine s’est élevé en 1873 à 1,188,431,503 francs, se décomposant en 590,366,433 francs à l’importation et 597,065,070 à l’exportation. C’était alors et c’est encore aujourd’hui[1]la Chine qui s’enrichit à nos dépens, mais l’intercourse n’en est pas moins profitable à l’Europe en lui fournissant les matières premières et le débouché de plusieurs grandes industries. L’Angleterre, par elle-même ou par ses colonies, absorbe près de 1 milliard, soit cinq fois plus que tous les autres pays réunis ensemble. La balance de son commerce avec la Chine est toute en sa faveur, puisqu’elle vend pour 546 millions de marchandises et n’en achète que pour 430. Le reste du continent européen au contraire, n’ayant que peu d’articles à fournir à l’Empire du Milieu, y fait une recette de 5 millions et une dépense de 56 millions. La Russie solde ses affaires par une perte de 25,209,000 francs presque égale à leur chiffre total. Mais il ne faut pas oublier qu’une grande partie des échanges avec la Russie ayant lieu par terre peut échapper beaucoup plus facilement au contrôle de la douane chinoise, qui nous fournit les chiffres ci-dessus[2]. En résumé, les deux principaux intéressés dans ce vaste mouvement commercial sont l’Angleterre et la Chine, Londres et Calcutta d’un côté, Shanghaï et Canton de l’autre. Le rôle de la France est plus modeste. Tandis que le pavillon anglais couvre 4,700,000 tonneaux et le pavillon américain 3,200,000, on n’en voit entrer sous le nôtre que 137,000, soit environ 1/70 du total des entrées et sorties.

Les détails qui précèdent ont déjà fait connaître sur quels articles repose et comment s’exerce cette prodigieuse activité. La navigation à vapeur trouve un emploi facile, dans ces mers, inhospitalières aux bâtimens voiliers ; et des compagnies se sont formées

  1. Les chiffres de 1875 sont 523,981,700 à l’importation, — 532,559,400 à l’exportation ; la balance a plutôt augmenté en faveur de la Chine.
  2. Voici pour 1875 le tableau représentant la part prise par les différentes nations au commerce chinois :
    Possessions anglaises 79.29 pour 100
    Continent européen moins la Russie 7.10 —
    Amérique 6.29 —
    Russie, via Odessa et via Sibérie 2.91 —
    Japon 3.19 —
    Philippines, Cochinchine, Siam, Java, etc. 1.22 —
    100.00


    L’importance du commerce anglais tend à diminuer au profit des autres nations. Il était en 1872 de 85 pour 100 et a constamment baissé.