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LES
FÊTES PUBLIQUES
DANS
L'ANCIENNE MONARCHIE FRANCAISE

La persistance du tempérament national à travers les épreuves les plus faites pour le modifier, ce semble, est un spectacle curieux à étudier. La France, au lendemain de ses revers, semblait revenue, à jamais dégoûtée des fêtes. C’étaient amusemens qu’il fallait laisser, disait-on, à la jeunesse des nations ; ils allaient mal aux peuples qui ont à porter le deuil de la patrie. On oubliait de compter avec le vieil instinct : il se réveillait deux ans après nos désastres à la nouvelle de l’arrivée d’un souverain étranger. Bien à propos, à l’occasion de la visite du shah de Perse, le vieux Paris se rappelait qu’il avait des traditions d’hospitalité à soutenir. Il s’empressait d’y faire honneur par des illuminations et des feux d’artifice.

Les fêtes n’ont guère cessé d’être sur le tapis depuis lors, et, s’il n’en a guère été donné, ce n’est pas faute d’envie. Une occasion naturelle vient de se présenter ; on l’a saisie avec empressement. Nul ne pourrait songer à y redire. Elle était dans l’air, cette fêté, le jour même de l’ouverture de l’exposition. A l’idée d’une grande renaissance par le travail et d’une imposante démonstration en présence d’une multitude d’étrangers, elle s’inaugurait toute seule, sans demander permission, sous l’image de milliers de drapeaux dont se pavoisaient les maisons. Ces manifestations spontanées ne suffisaient pas. Les fêtes sont encore un objet de délibération et de discussion. On songe à pourvoir à leur avenir. On se creuse la tête pour en instituer. Mais quelle date fixer ? Quelle désignation adopter ? Donnera-t-on à une célébration nationale le nom de fête de la France ? On aurait l’air par là, dit-on, de ne pas vouloir nommer la