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moscovite, au conseil des boïars (boiarskaïa douma)[1]. La durée du mandat de ces assemblées municipales est de quatre ans. Les doumas russes ne sont d’ordinaire astreintes ni à des séances périodiques ni à des sessions régulières ; elles se réunissent, selon le besoin des affaires, sur la convocation du maire de la ville, ou sur la demande d’un certain nombre de conseillers. La douma de Saint-Pétersbourg avait naguère dans son règlement fixé le nombre de ses séances à deux par semaine ; mais sur ce point elle n’était pas très fidèle à son règlement, et dans les villes de province il s’en faut de beaucoup que les conseils municipaux s’assemblent aussi fréquemment.

En France, un vote précipité et non encore acquis, par lequel la chambre des députés adoptait en première lecture le principe de la publicité des conseils municipaux, a été l’un des principaux motifs ou l’un des principaux prétextes de l’acte inutile du 16 mai et de la dissolution de la chambre. En Russie, comme en beaucoup d’autres pays, les séances des conseils municipaux sont toujours publiques[2]. Il est vrai que c’est dans les petites communes rurales que la publicité des séances peut avoir le plus d’inconvéniens, et dans les villages russes, il n’y a point de conseil municipal ; tous les chefs de famille faisant de droit partie de l’assemblée communale, la publicité est inséparable du régime même du mir[3]. La Russie semble s’être ralliée au principe, que les élus doivent toujours délibérer sous les yeux de leurs électeurs. Si dans les doumas, ou les zemstvos, la publication des débats par la presse rencontre parfois de fâcheuses restrictions, il n’y a aucune restriction, croyons-nous, pour la publicité même des séances. De même que le zemstvo du district ou de la province, la douma des villes est en tout temps ouverte au public. Les séances de ces assemblées attirent parfois l’élite de la société, et, lorsqu’il s’y discute quelque question importante, on y peut voir se presser une foule attentive. Dans un pays qui ne possède encore qu’une représentation municipale et provinciale, l’intérêt excité par ces modestes organes de la vie publique peut être parfois d’autant plus vif que l’attention du pays n’est pas absorbée par des débats plus solennels. Les discussions de ces assemblées locales ont quelquefois

  1. Ce mot dans son acception primitive signifie pensée, idée, du verbe doumat, penser. Ce terme grand-russien ne doit pas être confondu avec le même vocable petit-russien, qui dans le dialecte de l’Oukraine est le nom habituel des chants populaires.
  2. Il en est ainsi, par exemple, en Prusse et en Italie.
  3. Voyez, dans la Revue du 1er août 1877, notre étude sur le Mir et le self-government des paysans.