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orné, frontons, pignons, encadremens, plinthes, chambranles, voussures, balustres, balcons, pilastres, colonnes, cariatides, est de granit gris et de marbre de couleur. La richesse des matériaux employés est en harmonie avec la belle ordonnance de l’architecture. Il ne fallait pas moins qu’un tel monument pour loger toutes les merveilles de l’industrie belge. Il y aurait ici à s’arrêter longtemps devant chaque objet : devant ces fauteuils, ces canapés de bois doré, imités du Louis XV, ces grands dressoirs de chêne sculpté et ces cabinets d’ébène de style renaissance, comme devant ces monumentales cheminées de marbre de style Louis XIV ; devant ces luxueux parquets à compartimens de marqueterie comme devant cette magnifique décoration de lambris renaissance, sculptés dans le chêne blanc et décorés d’appliques de cuivre repoussé. Il faudrait décrire en détail ces riches orfèvreries d’église de style byzantin, ces faïences à décors de Delft, ces lustres et ces lampadaires de bronze doré, ces rutilantes reliures de maroquin à mosaïques ou de vélin à petits fers, ces glaces du Hainaut qui ne sont guère ni moins pures ni moins grandes que celles de Saint-Gobain, ces tapisseries peintes, ces délicates dentelles de Bruxelles, de Malines et de Bruges, enfin ces admirables tapisseries imitant les « tapis à hystoires » des vieilles fabriques des Flandres, ou brodant sur teinte plate jaune d’or des figures de reîtres pleines de tournure. Dans toutes les branches de l’industrie, la Belgique tient magnifiquement son rang à l’exposition, tout près de la France, à côté de l’Angleterre et de l’Autriche-Hongrie.

Bien que de proportions moins vastes et d’une ordonnance moins monumentale que la maison de ville belge, la maison de ville hollandaise a aussi fort belle apparence avec sa façade empruntée au style hollandais du XVIIe siècle, où la pierre sculptée des parties en relief alterne avec la brique rouge des parties planes. A gauche de l’édifice s’élève une tour carrée surmontée d’un beffroi à aiguille de fer où le lion de Hollande tourne en girouette. Le côté pittoresque n’a pas été négligé par la commission hollandaise. Voici, dressés contre une toile de fond, figurant les vastes horizons des polders une vingtaine de mannequins revêtus des costumes populaires de la Frise et du Groningue. On peut encore visiter l’intérieur d’une maisonnette du pays. C’est une pièce unique, mais richement décorée. Jusqu’à hauteur d’homme, les parois ont un revêtement continu de plaques de faïence à dessin blanc et bleu ; le haut des parois est de chêne, de même que le plafond, où se croisent des poutres apparentes. Des chaises, des escabeaux, deux dressoirs de chêne sculpté, surchargés de plats et d’assiettes de vieux Delft, et une sorte de grand buffet forment le mobilier. Par un des battans entr’ouvert de ce buffet, on aperçoit deux petits lits