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demandé à Dombrowski qu’il fît creuser une casemate dont je lui ai donné les dimensions pour y placer notre projecteur à pétrole. Depuis j’ai envoyé trois fois pour voir si les travaux s’avançaient, personne n’a pu me répondre à ce sujet. Je suis prêt à envoyer les appareils. Le membre de la commune, chef de la délégation scientifique, PARISEL. » Et en note, de la mince écriture de Félix Pyat : « Répondre à Parisel, en faisant ce qu’il demande. » La proposition d’envoyer à Dombrowski des projecteurs destinés à arroser les troupes françaises avec des jets d’huile minérale enflammée devait rester sans réponse, car déjà le général fédéré qui commandait « la première armée » avait fait son arrangement avec George Veysset, et dès le 14 mai avait bien pris ses précautions en promulguant l’arrêté suivant : « Le colonel Mathieu est nommé commandant supérieur de toutes les forces réunies entre le Point-du-Jour et la porte Wagram. » La commune eut beau déléguer un de ses membres, Dereure, en qualité de commissaire civil auprès de Dombrowski, Parisel ne réussit pas à lui faire adopter ce qu’il appelait modestement « ses appareils. »

Non-seulement on rêvait d’incendier Paris à l’aide du pétrole, mais on s’ingéniait à découvrir des moyens expéditifs de le faire sauter. Au siège même du comité central, on trouva cette pièce, que je reproduis textuellement et qui fait elle-même son propre commentaire : « En cas de revers de notre armée, Grélier propose : d’ici deux ou trois jours envoyer deux parlementaire à Versailles pour que dans les vingt-quatre heures ils envoient deux Versaillais ; leur montré tous les dossiers des notaires, des avoués, des huissiers et les titres de rentes, que la dette publique qui se trouve entre les mains de la commune sera détruit, brûlé avec du pétrole. Placé de la nitro-glycerine sous tous les grands quartier comme Dardelle a placé les poudre aux Tuillerie, après cette promenade ils iront porté lidée de la paix à Versailles. » Cette note, dont le patriotisme rachète l’orthographe, est tout entière de la main de Grélier, sorte d’avorton biscornu qui avait fait métier de blanchisseur et de baigneur ayant d’être élevé à la dignité de législateur du comité central. Il n’était pas pour les demi-mesures, comme l’on voit ; brûler le grand-livre de la dette inscrite et pulvériser Paris lui semblait une œuvre convenablement révolutionnaire, — ce qui ne l’empêche pas, au lendemain de la défaite, alors qu’il se cachait pour se soustraire à des poursuites qu’il ne réussit pas à éviter, d’écrire à l’un de nos plus illustres généraux pour le prier d’intercéder en sa faveur ; cette lettre, que j’ai sous les yeux, a moins de désinvolture que la note incendiaire, mais le français en est tout aussi boiteux.

Dans les préliminaires du traité de paix qu’il proposait d’offrir à Versailles, Grélier loue les préparatifs que Dardelle a faits aux