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la façon d’un axe vertical mal ajusté dans ses supports extrêmes. C’est une sorte de château branlant. Les supports, de la même substance que le crayon, sont encastrés dans une planchette de sapin toute disposée à vibrer sous l’influence de la moindre agitation de l’air qui l’entoure. Il suffira donc de parler devant celle-ci pour causer des variations dans le contact du crayon mobile et de ses supports. Plaçons le système dans le circuit d’une pile, en même temps qu’un téléphone de Bell, et ce dernier nous fera entendre les discours tenus devant la planchette. Ici, ce n’est plus une pression variable exercée sur le graphite, mais un contact variable qui s’opère entre deux fragmens de carbone. Sont-ce bien là deux principes différens qui se trouvent en jeu ? Un contact ne peut-il être facilement regardé comme une compression légère ? Nous le pensons, et M. Hughes, qui n’a pas voulu breveter sa disposition, n’est probablement pas loin de partager notre avis.

Le microphone renforce-t-il la voix ? Réalise-t-il la solution tant cherchée depuis plusieurs mois ? flous ne devons pas hésiter à répondre négativement. — Mais renforce-t-il les bruits ? Permet-il, comme on l’a dit, de compter les pas des insectes les plus légers et d’entendre le tic-tac d’une montre comme des coups de marteau frappés sur une enclume ? — Cela dépend du sens que l’on attache au mot renforcement. — Si une explosion de mine ébranle une masse d’air assez grande pour briser des vitres à une lieue à la ronde, une personne placée près des fenêtres endommagées sera, sans aucun doute, bien plus assourdie par la chute des morceaux de verre que par l’explosion elle-même ; mais pourra-t-on prétendre que l’accident local du bris des vitres a renforcé le bruit de l’explosion ? Non certainement. Sans la détonation, les carreaux seraient restés intacts, soit ; mais tout ce que l’on pourra dire c’est que le premier bruit a été la cause du second, rien de plus. C’est ce qui a lieu dans le microphone. Chacun de tic-tac d’une montre ou chaque pas d’une mouche placée contre la planche de sapin produit une perturbation désordonnée dans le contact des pièces de carbone. L’intensité du courant subit par là de profonds et subits changemens qui se traduisent dans le téléphone récepteur par des bruits relativement considérables.

Toutes les actions qui tendent à modifier soit le contact, soit la pression réciproque de deux médiocres conducteurs de l’électricité ne peuvent évidemment s’utiliser que dans le cas où les déplacemens qui les produisent sont excessivement petits. A la seule condition de se borner à de tels déplacemens, les effets seront, proportionnels aux causes. Il est donc essentiel de ne pas parler avec violence auprès d’un microphone si l’on veut que celui-ci transmette