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conditions. Le galvanomètre nous montrera alors si la corde ou la gélatine absorbe ou dégage de la vapeur d’eau, c’est-à-dire si l’atmosphère ambiante est saturée ou non d’humidité. Nous aurons construit l’hygromètre d’Edison.

Rien n’empêche de disposer les choses de façon à faire agir la pression atmosphérique sur l’une des faces de la membrane, en ayant soin de soustraire l’autre face à son action ; nous serons en possession du plus sensible des baromètres.

Toutefois ces appareils, il importe d’en faire la remarque, ne sont capables d’accuser que de petites variations de température, d’humidité, de pression. Leur échelle est extrêmement limitée ; mais entre ces limites restreintes, leur sensibilité est pour ainsi dire indéfinie. Chacun d’eux est le complément du thermomètre, de l’hygromètre, du baromètre ordinaire. Ces derniers donneront les variations grossières, et l’appareil à graphite correspondant indiquera les nuances de ces variations.

Les volumes occupés par le même poids d’un sel à l’état de cristaux et liquide, à l’état de fusion, ne sont généralement pas les mêmes. On pourra suivre ces changemens de volume au galvanomètre, si l’on emprisonne le sel dans un vase clos dont une paroi sera constituée par la membrane des appareils précédens.

Les variations de température, de pression, de volume pendant la cristallisation, peuvent, dans certains cas, être brusques et procéder par soubresauts. L’adjonction d’un téléphone Bell au circuit permettra alors à l’oreille de les apprécier. C’est ainsi qu’Edison a pu dire qu’il est possible d’entendre un corps s’échauffer ou se comprimer, et même un sel cristalliser. Entendra-t-on l’herbe pousser, ce qui jusqu’ici semblait réservé aux héros des contes de nourrices ? Dans l’ordre d’idées où Edison se place, il est certain qu’on ne peut dire non.

Il me reste, pour épuiser les applications du genre de celles qui précèdent, à dire. quelques mots d’un appareil qui a, depuis peu, passablement occupé le monde savant. Je veux parler du microphone de Hughes. Le microphone est proche parent du téléphone à graphite. Une discussion des plus vives est d’ailleurs engagée entre les deux physiciens. Edison accuse de plagiat et d’abus de confiance l’inventeur du microphone ; Celui-ci s’en défend comme de juste et se plaint de la mauvaise foi de son adversaire. Nous n’apportons aucune idée préconçue dans ce regrettable conflit, mais nous nous croyons en droit de dire que, dans son essence, l’appareil de M. Hughes diffère bien peu de ceux que nous venons de passer en revue. — Au lieu d’une membrane métallique pressant sur un disque de plombagine, M. Hughes dispose un crayon de charbon de cornue à