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ne serait pas plus favorisé par l’extension de cette même surface ; son intensité est la plus grande possible, on ne peut donc l’accroître, de quelque façon qu’on s’y prenne. Mais les conditions sont tout autres si nous nous adressons à des corps mauvais conducteurs. Ce sont eux qui fourniront à compressions égales les plus grandes variations dans la résistance du contact, ou dans l’intensité du courant, ce qui revient au même.

Edison a fait de cette découverte les plus ingénieuses applications, dont la première a été son téléphone articulant. Un disque de plombagine et une membrane téléphonique ordinaire sont appliqués l’un contre l’autre et traversés par le courant d’une pile. Les paroles prononcées devant la membrane la feront entrer en vibration, et elle comprimera le graphite d’une manière correspondante. Si le circuit de la pile se ferme par la bobine d’un téléphone Bell, situé à une distance quelconque, la plaque de fer doux de ce dernier sera amenée à vibrer par suite de l’influence des variations de l’intensité du courant sur son barreau aimanté. Les sons émis dans le transmetteur d’Edison seront donc reproduits au loin par le récepteur de Bell.

Afin de se dégager des brevets de Graham Bell, Edison avait d’abord combiné un récepteur téléphonique d’une grande originalité, reposant sur le principe de son électro-motographe : lorsqu’une tige métallique frotte par sa pointe émoussée sur la surface d’une bande de papier mobile maintenue humide, la force d’entraînement de la tige, due au mouvement, change de valeur si le plus faible courant électrique vient à passer du métal au papier. Le crayon frotteur, appuyé sur un ressort antagoniste, résistait au mouvement que lui communiquait la bande humide et s’arrêtait dans une position normale d’équilibre ; mais les courans variables envoyés par le transmetteur à graphite venant à diminuer la force d’entraînement du papier d’une quantité correspondante à leurs variations mêmes, le crayon sollicité par le ressort n’était plus soumis aux mêmes forces : il se déplaçait, sans cesse à la recherche d’une nouvelle position d’équilibre. En définitive, le style métallique vibrait comme l’appareil d’envoi. Il était relié, par le moyen d’un fil, au centre d’une membrane de parchemin, et c’était celle-ci qui se chargeait d’ébranler l’air qui l’entourait, de façon à faire entendre les phrases prononcées à la première station.

Pourquoi ce dispositif de réception n’a-t-il pas prévalu ? Nous l’ignorons. Toujours est-il que c’est d’un téléphone Bell que l’on se sert pour recevoir les sons d’un transmetteur à graphite. Peut-être la difficulté de réglage, de manipulation, l’incommodité de maintenir une bande mobile dans un état convenable d’humidité, ont-elles