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l’ouvrier. On trouve encore le plomb, l’étain, l’antimoine, le cobalt, le mercure, le soufre et le kaolin. Mais la conclusion adoptée jusqu’à présent par tous les ingénieurs est que la véritable richesse du sol japonais consiste, non pas, comme on l’avait cru, en immenses dépôts de métaux précieux, mais en un approvisionnement considérable de houille, de cuivre et de fer.

Les modes d’exploitation indigènes sont très primitifs, comme on peut en juger par le petit modèle figurant le travail de la mine d’or de Sado. Habitués à rencontrer des affleuremens plutôt que des couches profondes, les Japonais grattent la terre, pour ainsi dire, plutôt qu’ils ne la fouillent. Ils ne se décident jamais à creuser un puits, mais pratiquent des galeries étroites et tortueuses en suivant le filon, sans déblayer la matière inutile, sans veiller à l’aération, qui se fait comme elle peut. L’épuisement a lieu au moyen de pompes de bambou si imparfaites que l’on est obligé d’abandonner la mine dès que la venue des eaux est trop abondante ou qu’il faut les élever à une trop grande hauteur. Le minerai, amené au jour à dos d’homme ou de femme, est trié à la main et lavé sur une sorte de cuvette avant d’être envoyé par de mauvais chemins aux fonderies, quelquefois très éloignées.

Les mines de charbon, exploitées plus tard que les autres, le sont par des procédés moins grossiers, à l’aide de baquets plats hâlés par des gamins et de wagonnets poussés par des hommes. Celles de Takashima possèdent un outillage européen, et leur production s’accroît d’année en année. Le gouvernement a introduit également des engins perfectionnés, non-seulement dans les mines d’or et d’argent citées plus haut, mais dans celles de fer de Heigori, à 13 milles de la mer, sur la côte nord-est de l’île principale, où il se propose de fabriquer le fer en grand ; quatre hauts-fourneaux, devant produire 20 tonnes de fonte par jour, sont en construction. A Hakakosaka (80 milles d’Yédo vers l’ouest), des ingénieurs anglais ont aussi installé des hauts-fourneaux. On se demande encore si le prix de revient, démesurément augmenté par les frais de transport du charbon au four et du métal sur le marché, sera rémunérateur. Quant aux mines de cuivre, ayant donné jusqu’ici des résultats avantageux à leurs propriétaires par la méthode séculaire du pays, elles n’ont pas été l’objet de perfectionnemens européens. Le combustible employé est le charbon de bois ; pour les grillages, on ne se sert que de bois : les foyers enfin sont activés au moyen de soufflets toujours en bois, très ingénieux, mus à bras d’hommes.

Vingt-trois étrangers sont employés par le département des mines ; leur nombre est loin d’être suffisant pour les vastes travaux que demanderait un développement complet et systématique des ressources minérales. Mais ce n’est pas assez de grossir le corps des