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le bruit là où la réserve était pour lui la première condition d’une bonne politique. Est-ce à dire que cette réserve dût prendre le caractère d’une indifférence affectée, d’une abstention calculée ? Non sans doute, et nos plénipotentiaires ne l’ont certainement pas compris ainsi dans les occasions sérieuses où ils ont eu à se prononcer ; mais il est bien évident qu’en acceptant sans hésitation de se rendre à Berlin, en consentant à aller comme grande puissance au règlement d’une des plus grandes affaires européennes, la France ne pouvait rien faire qui fût de nature à engager ses opinions et ses intérêts. Au nombre de toutes les choses qu’elle a pu voir passer devant ses yeux à Berlin, il en est certainement qui sont propres à la surprendre et entre lesquelles elle n’avait point à se décider. En un mot, son rôle était de sortir du congrès comme elle y est entrée, laissant sa signature au bas d’un grand acte de diplomatie commune, mais gardant la pleine indépendance de son jugement aussi bien que la liberté de son action et de sa politique.

Au milieu de ces événemens et de ces préoccupations diplomatiques, cependant nos affaires intérieures suivent leur modeste cours. Les illuminations des dernières fêtes sont éteintes, les guirlandes ont disparu, et M. le préfet de police y a un peu aidé dans l’intérêt de la circulation publique. Tout serait en vérité au calme dans la situation générale du pays, s’il n’y avait des esprits sans cesse à la recherche des excitations, s’il n’y avait des conseils municipaux impatiens de montrer leur importance, s’il n’y avait enfin des partis toujours prêts à saisir les occasions de troubles. C’est ce qui est arrivé il y a quelques jours à Marseille à la suite d’une de ces mesures par lesquelles la frivolité agitatrice et agaçante du socialisme se manifeste parfois. La municipalité de Marseille s’est donné le passe-temps d’interdire les processions, même une procession traditionnelle qui se fait tous les ans en l’honneur de Mgr  Belzunce, le prélat mort victime de son héroïsme pendant la peste du siècle dernier. On n’a pas fait de procession ; mais on a fait des manifestations. Les partis se sont trouvés aux prises, et pendant quelques soirées Marseille a été livrée à des désordres que des maladresses administratives ont aggravés, que de ridicules délibérations du conseil municipal ont envenimés. Ce n’est rien sans doute ; cela prouve seulement qu’il y a une effervescence toujours prête à se répandre et que le gouvernement est le premier intéressé à contenir ou à prévenir pour le bien de la paix publique. CH. DE MAZADE.



Luigi Ferri, la Psicologia di Pietro Pomponazzi. — Cenno zu Giuieppe Ferrari, Rome, 1877.

Sous ce titre : la Psychologie de Pierre Pomponace, M. Louis Ferri, professeur à l’université romaine, a publié récemment le texte d’un