Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 28.djvu/404

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le zemstvo de gouvernement est présidé par le maréchal de la noblesse de la goubernie, tout comme le zemstvo de district par le maréchal de la noblesse du district. Chacune de ces deux assemblées possède depuis qu’elle existe (1864) ce que nos conseils généraux français n’ont obtenu qu’en 1871, une commission de permanence appelée zemskaïa ouprava, qui prend une part importante à l’administration locale. En Russie, cette commission n’est renouvelée que tous les trois ans, ce qui, d’après certains esprits, la rend trop indépendante du zemstvo qui la nomme. Le président en est élu ; mais il doit être confirmé par le ministre de l’intérieur. Comme en Belgique, les membres de la commission permanente reçoivent d’ordinaire une indemnité dont le taux est fixé par l’assemblée. Cette rétribution s’élève à environ 1,500 ou 2,000 roubles. Ce nouvel exemple montre combien le principe démocratique de la rémunération de tous les services est dès le premier jour entré dans les idées et les mœurs russes. Les membres des zemstvos seraient peut-être tentés de s’allouer eux aussi une indemnité, si le législateur ne le leur avait interdit. La loi ne leur défend point, il est vrai, de réclamer une rémunération, mais en ce cas ils ne peuvent rien recevoir que des électeurs qui les nomment et non de l’assemblée dont ils font partie. N’étant pas rétribués, les membres des zemstvos ne se croient point toujours obligés à une grande exactitude. Plusieurs assemblées provinciales ont à se plaindre de l’incurie et de l’indifférence des hommes qui ont l’honneur d’en faire partie. Pour être valables, les décisions du zemstvo n’ont besoin d’être prises qu’en présence d’un tiers des membres, et il arrive encore parfois qu’une assemblée n’est pas en nombre pour délibérer.

Tous les gouvernemens de l’empire n’ont pas été dotés à la fois des nouveaux états provinciaux. En fait de réformes et d’institutions, on ne procède pas en Russie comme ailleurs par mesures uniformes, étendues un même jour à toutes les parties du territoire. Le gouvernement impérial reste maître de la distribution comme de l’introduction des réformes que sa main répand sur l’empire, il les applique là où bon lui semble. Dans un état aussi vaste et aussi complexe, il n’en saurait guère être autrement. Cette méthode a un précieux avantage, elle permet d’éprouver en un champ restreint les institutions nouvelles et de ne les étendre à tout l’empire qu’après en avoir vu l’effet dans les provinces les mieux préparées. Aujourd’hui qu’après une quinzaine d’années les zemstvos semblent s’être acclimatés sur le sol russe, le moment paraît venu d’en accorder le ? bénéfice à toutes les parties du territoire, à toute la Russie d’Europe au moins. Pendant plusieurs années, il n’y a eu que 29 ou 30 gouvernemens de la Grande et de la Petite-Russie à jouir des bienfaits de ce self-governement local. Il y en a,