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italienne le minimum de connaissances qui leur est indispensable ; mais elle offre aussi aux esprits plus curieux « le superflu, chose si nécessaire. » A côté des cours réglementaires qu’on est obligé de suivre pour obtenir cette espèce de diplôme d’agrégé, j’y trouve d’autres cours intitulés cours complémentaires, cours de perfectionnement, qui sont suivis par une douzaine d’élèves, j’y trouve un cours de paléographie et de diplomatique, qui en réunit à peu près autant et dont l’une des leçons est faite aux archives d’état, sur les parchemins mêmes ; j’y trouve enfin une école des langues orientales, qui paraît très prospère. Le cours de sanscrit a sept élèves, celui d’arabe cinq, celui d’hébreu en réunit jusqu’à seize ; trois étudient le chinois. Comme notre École des hautes études, la section a sa Bibliothèque, dont plusieurs volumes ont déjà paru ; j’y remarque, à côté de mémoires dus à des professeurs et savans d’une notoriété européenne, comme MM. Michel Amari et Dominique Comparetti, une étude sur le tumulte des Ciompi, travail historique, rédigé d’après des documens inédits, qui n’est autre chose que la thèse présentée par un des élèves de l’institut, M. Carlo Fossati, pour l’obtention du diplôme. Enfin une académie orientale, dont les membres principaux sont les professeurs mêmes de la section, travaille à faire connaître les trésors que renferment les manuscrits des grands dépôts florentins, et a déjà entrepris plusieurs publications importantes.

Aucun règlement ne défend aux professeurs les leçons publiques ; mais la plupart d’entre eux en ont perdu le goût et l’habitude depuis qu’ils sont assurés d’avoir des élèves, dans le sens propre du mot. Il en est encore cependant quelques-uns qui ouvrent à deux battans, au moins une fois par semaine, les portes de la salle où ils enseignent. Le nom même de cette salle a quelque chose d’engageant ; elle s’appelle la « salle de la bonne humeur (sala di buon umore). » L’institut, en attendant qu’il soit dans ses meubles, la prend à bail de l’académie des beaux-arts avec quelques autres pièces plus petites, où se donnent les conférences. C’est dans les leçons à portes mi-closes et dans les conférences que se fait le travail utile. Il y a là, pour donner l’exemple et pour élever le niveau des études, plusieurs maîtres éminens, de ceux qui seraient partout à leur place, même dans les plus illustres universités du continent. Les résultats ne se feront point attendre, pourvu que les épreuves par lesquelles passe aujourd’hui Florence n’atteignent pas l’institut florentin, ne l’arrêtent pas en pleine carrière à l’heure même où il semble avoir trouvé sa voie et s’être mis en mesure de répondre aux espérances qui avaient salué sa naissance.

Ces épreuves, qui menacent ainsi la sécurité du travail scientifique, sur qui l’opinion doit-elle en faire peser la responsabilité ?