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laboratoires, où se faisaient toutes les analyses, où se poursuivaient toutes les recherches demandées par les maîtres. Quant aux cadavres, ils étaient fournis, en nombre suffisant, par les hôpitaux d’une ville de 180,000 âmes. Il y avait progrès depuis le temps où, vers 1580, le grand-duc François Ier, dans sa sollicitude pour l’école, qui voulait disséquer, avait promis de lui fournir tous les ans un condamné à mort[1].

Ainsi, depuis même qu’elle gavait perdu son université, Florence n’avait pas cessé de garder ou, grâce aux vues éclairées de ses princes, elle avait reconquis et groupé presque tous les élémens d’un enseignement supérieur pourvu de ces instrumens et de ces matériaux nécessaires que fournissent les bibliothèques et les archives, les musées, les cabinets de physique et les laboratoires, les grands établissemens hospitaliers. Sous des noms et sous des formes qui n’avaient cessé de varier, elle possédait ainsi comme l’ébauche et le noyau de ce que nous appellerions une faculté de droit, une faculté des lettres, une faculté des sciences, une faculté de médecine ; mais aucun lien ne rattachait l’un à l’autre ces élémens épars. Cette dispersion même et cette instabilité diminuaient beaucoup les heureux effets que l’on aurait cru pouvoir attendre d’une telle accumulation de ressources et des leçons de maîtres souvent fort distingués. C’est à ce mal que le gouvernement provisoire voulut remédier en créant un large cadre où tous ces élémens se trouveraient rapprochés et réunis, où ils seraient encore fortifiés et fécondés par les rapports qui s’établiraient entre eux et par la fondation de chaires nouvelles, exigées par les besoins de la science en progrès.

Le décret de 1859 divisait l’institut en quatre sections, études de droit (studii legali), sciences physiques et naturelles (scienze fisiche e naturali), philosophie et philologie (filosofia e filologia), enfin études de médecine, de chirurgie et de pharmacie (sezione medico-chirurgica di Santa Maria nuova). D’après les considérans du décret et les idées que développa le ministre dans son discours d’ouverture le 23 janvier 1860, voici quelle était la pensée dont s’étaient inspirés les fondateurs de la nouvelle école.

L’ordre des études universitaires est établi partout en vue d’un diplôme à conquérir et d’une profession à exercer. Les examens en suite desquels est conféré ce diplôme sont combinés de manière que la société soit assurée de trouver chez tous ceux qui s’engageront dans les carrières dites libérales un minimum de connaissances spéciales, par lequel on se sente garanti contre les conséquences dangereuses d’erreurs trop grossières commises par le magistrat, le professeur, le médecin, l’ingénieur, par les hommes

  1. Galuzri, Storia del’gran-ducato, liv. IV, ch. 50.