Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 28.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
CONFLITS DES POUVOIRS PUBLICS
SOUS L’ANCIEN RÉGIME

II.[1]
LE ROLE DES PARLEMENS DANS LES PRÉLUDES DE LA RÉVOLUTION.


I

Louis XIV savait par l’expérience de sa jeunesse à quels dangers les régences exposaient le pouvoir royal et le repos du royaume. Il voulut les prévenir en réglant les conditions du gouvernement intérimaire qui devait après sa mort présider aux destinées du pays, et par. son testament il institua un conseil dont il donna la présidence, avec voix prépondérante, à Philippe, duc d’Orléans, son cousin et son gendre de la main gauche, ce prince ayant épousé en 1692 Mlle de Blois, fille légitimée de Mme de Montespan. La faible santé de Louis XV, alors âgé de cinq ans, laissait au duc d’Orléans l’espoir de saisir la couronne. Il avait l’ambition traditionnelle des branches cadettes, des ressentimens à venger[2],

  1. Voyez la Revue du 15 juin.
  2. Son père avait remporté sur Guillaume d’Orange la victoire de Cassel, et depuis ce brillant fait d’armes, Louis XIV, par un misérable sentiment de jalousie, l’avait relégué dans un stérile repos. Un jour qu’il demandait pour sa femme malade l’autorisation de s’asseoir sur un fauteuil à dossier au lieu d’une chaise pliante, il se vit brutalement refuser cette faveur, parce que Louis XIV ne voulait pas, comme il le dit dans ses Mémoires, rapprocher le frère trop près du roi. Le régent avait eu à souffrir des mêmes ombrages, et il n’est pas besoin de rappeler que dès 1708 il avait entamé des négociations secrètes avec l’Angleterre en vue d’une révolution dynastique.