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après s’être vendus 4 dollars, sont tombés à presque rien, par suite de la cessation de la demande, et les éleveurs japonais n’en feront plus ; le gouvernement s’occupe d’améliorer la culture du mûrier et la confection de la soie. Il a institué à Yédo une école de sériculture, et à Tomyoka, par les soins de M. Brunat, une filature très importante. Il compte vulgariser une méthode et des mécanismes plus perfectionnés que les engins primitifs dont se servent les paysannes.

C’est aux États-Unis que se rend tout le thé exporté du Japon ; il y obtient, grâce à son bon marché et à une préparation spéciale, un grand succès. Mais, comme il est arrivé pour la soie, les producteurs ont voulu forcer leur récolte, ils ont jeté sur le marché des feuilles cueillies et séchées à la hâte, en si grande quantité que la marchandise s’est trouvée dépréciée. D’ailleurs l’Amérique ne peut consommer au-delà de ce qu’elle importe actuellement, et, comme elle est le seul client du Japon, beaucoup de planteurs japonais renoncent à cette culture, faute de débouchés rémunérateurs. On sait que le thé japonais, d’un usage universel dans le pays même, ne possède aucune des qualités de goût, de couleur et de parfum du thé chinois, et n’aurait aucune chance de lui faire concurrence en Europe.

Le tabac s’exporte peu. Les manufactures européennes en achètent cependant annuellement quelques manoques destinées à faire des mélanges. 2,640,000 livres seulement sortent des ports sur une production de 52 millions de livres japonaises. Comme le tabac, le riz et le saki ou eau-de-vie qu’on en retire se consomment sur place. L’exportation du riz n’est d’ailleurs pas libre ; elle est soumise au bon plaisir du gouvernement, qui tantôt l’autorise et tantôt l’arrête, suivant qu’il y a ou non surabondance, mais de manière à ne laisser jamais s’élever le prix de la denrée. On calcule que près de 2 millions d’hectares de rizières produisent 27 millions de kokous (ou 48 millions d’hectolitres), dont 66,000 (ou 118,500 hectolitres) seulement sont exportés. C’est la première de toutes les cultures aux yeux des Japonais ; pas un pouce n’est perdu des terres arrosées où il peut pousser ; mais, faute de confiance dans l’utilité des autres céréales, d’immenses plateaux où elles pourraient prospérer restent incultes et déserts ; le jour où ces terres seraient mises en valeur, elles pourraient servir de grenier aux pays voisins et à l’Europe elle-même.

La production du charbon, tiré principalement des mines de Takasima (près Nagasaki), va en augmentant : elle était en 1873 de 93,000 tonnes, elle est aujourd’hui de 174,000. La mine de Takasima n’est pas seulement la plus abondante et la mieux exploitée, c’est la seule qui fournisse un charbon de bonne qualité, brûlant