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L’ENFANCE À PARIS.

à les élever et à leur apprendre un métier. Pour ceux qui ont conservé leurs parens, le consistoire israélite entretient, en plus des deux écoles communales qui sont aux frais de la ville de Paris, trois écoles libres où l’enseignement primaire est poussé très loin. Une société d’apprentissage s’occupe du placement des jeunes garçons, les inspecte, leur alloue tous les ans une subvention avec un habillement, et complète leur instruction au moyen du cours du soir. Cette société a fondé également, sous le nom d’école de travail, un internat professionnel, où dix places ont été créées récemment pour les enfans d’Alsace-Lorraine. Une société et une école analogues existent pour les filles. Pour les jeunes Israélites qui se destinent aux professions libérales, seize bourses ont été créées dans les écoles commerciales et industrielles de Paris, sans parler de l’école dite Talmud-Torah, destinée à préparer des candidats au séminaire israélite. Enfin il existe, pour les jeunes fi les vicieuses qui ont été l’objet de condamnations ou dont leurs familles ne peuvent venir à bout, une école à laquelle on a donné improprement le nom de Refuge israélite, car on s’y occupe au contraire avec succès de préparer ces jeunes filles à rentrer dans la vie régulière.

En plus de ces œuvres éparses, la charité israélite a encore à Paris un centre très actif. C’est un vaste terrain de plusieurs mille mètres carrés, situé entre les rues de Picpus et Lamblardie, qui contient un hôpital, un hospice pour les incurables, un asile pour les vieillards, et un orphelinat. Les frais de construction de tous ces bâtimens, dont chacun est un modèle, ont été faits par une seule famille dont il est presque inutile de citer le nom, car elle est la seule au monde qui puisse dans des proportions pareilles joindre à tous ses luxes celui de la charité. Disons cependant que, si l’hôpital a été élevé par le baron James de Rothschild, plusieurs lits sont cependant entretenus par d’autres membres de la communauté israélite ou par des sociétés de secours mutuels comme celles de la Renaissance ou des Enfans de Sion. Quant à l’orphelinat, — la seule portion de ce vaste établissement où je voudrais faire pénétrer un moment mes lecteurs, — il a été fondé par la baronne James de Rothschild à la mémoire de son père et de sa mère, et il est entretenu uniquement par elle.

L’entrée de l’orphelinat est dans la rue Lamblardie. Lorsqu’on y pénètre, la propreté des parquets et des tables, où l’on pourrait se mirer, ferait croire qu’on se trouve dans un orphelinat tenu par des religieuses. Mais, pour s’assurer qu’on est bien dans une maison israélite, on n’a qu’à lever les yeux vers le chambranle de droite de la porte d’une chambre quelconque servant d’habitation. On y verra, uniformément fixé au chambranle, un petit cylindre en métal qui ressemble à un portecrayon. Dans l’intérieur de ce cylindre est