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ESSAIS ET NOTICES.


Milet et le Golfe Latmique. — Fouilles et explorations archéologiques faites par M. Olivier Rayet, ancien membre de l’École française d’Athènes, et M. Albert Thomas, ancien pensionnaire de l’Académie de France à Rome.

Notre école d’Athènes n’a pas seulement produit des épigraphistes et des archéologues qui tiennent un rang distingué dans la science, elle a formé des voyageurs qui ont visité avec soin les diverses contrées de l’Orient, et entrepris des explorations dont l’histoire a tiré de grands profits. C’est ainsi que M. Heuzey à parcouru la Macédoine et la Thessalie pour étudier les champs de bataille de César, et que M. Perrot nous a rapporté d’Ancyre le testament politique d’Auguste. Un de leurs jeunes successeurs, M. Olivier Rayet, a marché sur leurs traces ; il a exploré, en 1872 et 1873, les côtes de l’Asie-Mineure, et il commence la publication d’un important ouvrage qui contiendra les résultats de ses recherches et les découvertes qu’il a faites dans ce pays si curieux et si mal connu.

L’attention du public a été dans ces derniers temps ramenée sur l’Asie-Mineure par les fouilles heureuses qu’y ont exécutées les voyageurs anglais. M. Wood a étudié à Éphèse les ruines du fameux temple d’Artémis ; M. Newton a retrouvé les testes du tombeau de Mausole. Les colonnes, les bas-reliefs, les statues qu’ils ont tous deux rapportés en Europe forment l’un des principaux ornemens du British Museum. Ces magnifiques débris ont fait mieux connaître l’importance de l’art asiatique ; ils aident aussi à mieux comprendre l’art grec, et permettent de distinguer plus nettement ce qu’il ne doit qu’à lui-même et ce qu’il emprunta des pays voisins. La Grèce, quelle que soit son originalité charmante, n’est pas restée aussi étrangère qu’on le prétend aux influences du dehors. Les artistes de l’Égypte, surtout ceux de l’Assyrie, lui ont beaucoup appris. « Chaque jour, dit M. Rayet, montre d’une manière plus évidente l’immense ascendant, non-seulement militaire, mais encore religieux, scientifique et artistique qu’a exercé sur tout l’Orient le puissant empire des Sinakhérib et des Sargon. Aussi ne devons-nous pas être surpris que certains ornemens d’architecture aient passé des Assyriens aux Lydiens et aux Phrygiens, leurs imitateurs en tant de choses, et de ceux-ci aux colons grecs, fixés sur la côte d’Asie-Mineure, Ioniens pour la plupart. Entre les mains de ces derniers, et grâce à l’admirable sentiment du beau dont la race hellénique était douée, grâce aussi à l’abondance tout autour d’eux de matériaux