le plus voisin. Le commissaire de police dresse, d’après les dires de l’agent et les réponses de l’enfant, un procès-verbal qui contient des indications sommaires et qui constitue la première pièce de la procédure. Quant à l’enfant, il est conservé dans la prison du poste de police qu’on appelle familièrement violon jusqu’au passage de la voiture connue sous le nom de panier à salade, qui trois fois par jour enlève les détenus de chaque poste de police pour les conduire au dépôt central ; c’est-à-dire que, suivant l’heure de son arrestation, l’enfant passera au poste une partie de la journée, ou toute la nuit. Ne perdons pas cette occasion de signaler l’état déplorable des postes de police de la ville de Paris, qu’il dépend non de la préfecture de police, mais de l’administration municipale, de réformer, et dont il n’est peut-être pas dix sur quatre-vingts qui répondent aux exigences les plus élémentaires d’une bonne installation soit au point de vue des agens de police qui y séjournent, soit au point de vue des détenus qui y sont momentanément enfermés. Ce sont particulièrement les enfans qui ont à souffrir des défauts de cette installation, car, chaque violon ne contenant que deux salles de quelques mètres carrés, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes, on est obligé de mettre les enfans, suivant leur sexe et leur âge, dans l’une ou l’autre de ces deux salles, et ce contact passager n’est pas sans inconvéniens. Il y a quelques années, on a pu voir passer devant les assises et devenir l’objet d’une condamnation sévère un homme qui avait été ramassé sur la voie publique en état d’ivresse et qu’on avait eu l’imprudence d’enfermer avec un enfant de douze ans. Pour éviter ces accidens, et aussi pour ne pas soumettre un enfant aux rigueurs d’une nuit passée sur le dur plancher du violon, les agens gardent parfois dans leur poste le petit délinquant et lui permettent de se chauffer avec eux au feu du poêle. Mais l’humanité toujours incertaine des hommes ne vaut pas la permanence d’une bonne installation, et il est à regretter que ces postes de police ne soient pas aménagés d’après le modèle de ceux de Londres, où les inculpés passent, il est vrai, un temps plus long, mais qui sont presque tous pourvus d’un certain nombre de cellules et en tout cas d’au moins trois salles.
La voiture qui prend l’enfant au violon le conduit au Palais de Justice et le débarque dans une cour intérieure dont la porte est située sur le quai de la Conciergerie. À peine descendu de voiture, on le fait entrer, avec les autres voyageurs de la voiture cellulaire, dans un bureau tenu par un inspecteur de police et qu’on appelle bureau de permanence parce qu’il demeure ouvert jour et nuit. Deux ou trois banquettes sont rangées devant le bureau de l’inspecteur, et on y fait asseoir les détenus pendant que l’inspecteur prend sommairement connaissance des procès-verbaux dont l’agent