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aisément ailleurs, j’espère donner des indications suffisamment exactes pour qu’on puisse mesurer l’étendue du mal, sans le diminuer et sans l’exagérer.

Le nombre d’enfans, garçons et filles, âgés de moins de seize ans, qui ont été arrêtés en 1877 s’est élevé à 1,716, dont 844 pour vagabondage, 222 pour mendicité, 578 pour vol et 72 pour divers autres délits. En 1876, les agens de police avaient arrêté 1,754 enfans, 1,780 en 1875, 1,749 en 1874. On voit que durant ces quatre années le chiffre des arrestations est demeuré à peu près stationnaire ; il en est de même de la proportion entre les arrestations pour vagabondage ou mendicité et celles pour vol ou autres délits, dont la relation a été de 1,000 ou 1,100 contre 7 ou 600. Mais en 1873 le nombre total des arrestations avait été de 2,411, dont 1,249 pour mendicité et vagabondage, en 1872 de 3,004, dont 1,644 pour mendicité et vagabondage. Ce chiffre plus considérable d’arrestations s’explique par le relâchement inévitable de l’action de la police pendant les deux années antérieures et aussi par une raison particulière que j’indiquerai plus tard. Il n’en reste pas moins que le nombre des enfans arrêtés pour vagabondage, mendicité ou toute autre cause est plutôt en décroissance depuis quelques années, et c’est là une première constatation qu’il faut retenir pour l’opposer à certaines exagérations.

À côté des enfans arrêtés, il faut aussi dire un mot de ceux qui sont pour ainsi dire ramassés dans la rue, où ils ont été volontairement abandonnés par leurs parens. Il n’est pas rare en effet qu’un agent trouve un soir, au coin d’une rue ou sur une place publique, un pauvre petit être qui pleure parce que sa mère l’a laissé là, il y a plusieurs heures, en lui disant qu’elle allait venir le reprendre, et qu’elle n’a point reparu. Cet enfant sera invariablement conduit au dépôt, et maintenu dans une salle à part qui dépend de l’infirmerie ; si ses parens ne l’ont pas réclamé dès le lendemain et s’il a moins de douze ans, il sera conduit à l’hospice des Enfans-Assistés, où, après une attente de quelques jours, il sera considéré comme définitivement abandonné et immatriculé au nombre des pupilles de l’Assistance publique. Le nombre des enfans abandonnés qui ont été ainsi ramassés par les agens s’est élevé en 1877 à 742 dont 283 ont été immédiatement réclamés par leurs parens et 459 ont été envoyés à l’hospice des Enfans-Assistés. Ces enfans ne rentrent donc point dans la catégorie de ceux qui font l’objet de cette étude, et auxquels nous allons revenir pour les accompagner à travers les diverses phases qui suivent leur arrestation.

Lorsqu’un enfant est arrêté sur la voie publique sous l’inculpation de quelque infraction, il est d’abord conduit par l’agent au poste