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LA
CIVILISATION HELLENIQUE
ET LA QUESTION D'ORIENT

Histoire de la civilisation hellénique, par Const. Paparrigopoulo. Paris, 1878. Hachette.

Le mot hellénisme a été créé dans les premiers temps de l’ère chrétienne pour désigner à la fois la nation grecque et l’esprit de sa civilisation. C’est un terme déjà adopté dans la politique et qui devra l’être aussi dans l’enseignement. Nos livres classiques arrêtent en général le développement du génie grec et de la nationalité hellène au temps d’Alexandre le Grand, comme si l’un et l’autre avaient disparu subitement à cette époque. Quelques-uns les retrouvent encore dans les royaumes nés du démembrement de l’empire macédonien, et les suivent jusqu’à la conquête romaine. Les plus avancés en recherchent les derniers vestiges même après cet asservissement, mais ne vont pas au-delà de l’année 529, époque où Justinien mît un terme à l’indépendance, de l’enseignement et où le génie païen cessa de produire. Quant aux Grecs du moyen âge et à ceux de nos jours, leur histoire est traitée à part ; elle n’entre que pour une faible portion dans notre enseignement classique. On ne se préoccupe point de les rattacher à leurs ancêtres, et on les considère comme des peuples nouveaux. Un critique allemand, Fallmerayer, a même essayé de prouver qu’ils ne sont point les descendans des anciens Hellènes, mais les fils des Slaves. Nous croyons que, pour mettre un terme aux systèmes fantaisistes, le mieux était, non de les discuter, mais de rétablir dans son unité réelle l’histoire de la civilisation hellénique, comme