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montrer comment celui-ci justifie le nom qui lui a été donné, il convient de dire quelques mots au moins de deux autres musées que la direction des beaux-arts, représentée à Florence par M. Aurelio Gotti, a depuis l’annexion ouverts au public. Je veux parler du Musée étrusque et du Musée de Saint-Marc.

On sait quelle extension abusive a donné à ce terme d’étrusque une méprise des archéologues du siècle dernier, une erreur dont ne sont point encore revenus les gens du monde et l’usage courant. Comme on pouvait s’y attendre, la collection qui est censée représenter les arts de l’antique Étrurie renferme donc tous les vases peints, ceux dont l’origine est certainement grecque comme ceux que les potiers toscans ont fabriqués à l’imitation de la céramique de Corinthe et d’Athènes. Le nombre et l’importance des objets vraiment étrusques que renferme ce musée suffisent d’ailleurs à justifier la dénomination qui lui a été attribuée. Plusieurs des plus précieux parmi ces objets sont entrés dans le cabinet des grands-ducs dès la fin du XVIe siècle, ainsi la Chimère et la Pallas d’Arezzo, la statue d’un Lucumon, connue sous le nom de l’Orateur, qui a été trouvée en 1566 près du lac de Trasimène ; mais, pendant très longtemps, tous ces objets, bronzes, miroirs, trépieds, vases grecs ou toscans, poterie noire de Chiusi, sarcophages ornés de figures, restèrent épars dans les galeries des Offices, au milieu de la sculpture grecque et romaine. Ce fut seulement en 1853 que Migliarini commença à former le noyau d’un musée étrusque en réunissant une certaine quantité de ces monumens dans les deux salles par lesquelles on descend au couloir qui met les Offices en communication avec Pitti. Déjà insuffisant dès cette époque, ce local le devint plus encore d’année en année ; les découvertes ne cessaient de se multiplier sur ce sol si riche, dans les nécropoles des vieilles cités tyrrhéniennes. On se décida donc, en 1871, à retirer des Offices tous les monumens étrusques et ces vases peints dont la plupart ont été trouvés en Étrurie ; ils firent place à la suite des gravures et dessins de maîtres, et furent transportés dans l’ancien couvent de Saint-Onuphre, qu’avait rendu célèbre, en 1826, la découverte d’une fresque charmante où l’on a voulu reconnaître une œuvre de Raphaël jeune. Dans ces bâtimens, acquis par l’état en 1840, on avait, en 1852, installé tout près du Cenacolo la collection d’antiquités égyptiennes qu’avait formée Rosellini, le compagnon et le disciple de Champollion. L’espace n’y manquait pas. Par les soins du comte Gamurrini et du marquis Strozzi, plusieurs salles furent appropriées à ce nouvel usage ; les objets y furent classés par groupes et commodément disposés pour l’étude. Sans être très vaste, ce musée est riche en morceaux de premier ordre, dont la